Selon un premier chiffrage de la Banque mondiale, le coût du tsunami qui a ravagé l'Archipel et de la catastrophe nucléaire qu'il a déclenchée pourrait représenter jusqu'à 4 % du PIB du pays.
Le rapport de la Banque mondiale publié hier à Singapour est sans appel. Le séisme qui a ravagé le Japon il y a onze jours et la catastrophe nucléaire qui a suivi pourraient coûter jusqu'à 165,6 milliards d'euros au pays. Une charge beaucoup plus lourde que celle du tremblement de terre de Kobe, en 1995, qui avait tout juste dépassé 70 milliards d'euros.
Il s'agit d'une première estimation qui, si elle se révèle exacte, va représenter 4 % du produit intérieur brut (PIB) nippon. La banque, qui se réserve aussi une fourchette basse, autour de 86 milliards d'euros seulement, soit 2,5 % du PIB, souligne surtout que l'Archipel mettra beaucoup plus longtemps à s'en sortir.
En 1995, il avait fallu à peine un an pour que le commerce extérieur du Japon retrouve à 85 % ses niveaux d'avant la crise. Mais cette fois-ci, surtout si les zones contaminées s'étendent trop, les perturbations, voire la paralysie, de pans entiers de l'industrie, notamment dans l'automobile et dans l'électronique, pourraient se révéler catastrophiques.
Les prix des puces électroniques, note la Banque mondiale, dont le Japon assure 36 % de la production du globe, ont d'ores et déjà augmenté de 20 % pour certaines d'entre elles, et le finlandais Nokia prévenait hier qu'il s'attendait à des ruptures de stocks sur ses téléphones mobiles.
Un an ne suffira certainement pas à redresser la barre, ajoute la banque, qui estime que la croissance réelle du PIB sera directement « affectée négativement jusqu'à la mi-2011 ».
Alors qu'hier la Bourse de Tokyo était fermée pour cause de jour férié, le yen poursuivait son repli, semblant bien démontrer que l'intervention concertée des banques centrales du G7, le vendredi 18 mars, avait découragé les spéculateurs qui pariaient sur un rapatriement massif de capitaux japonais placés à l'étranger. Dans l'après-midi, l'euro progressait à 115,05 yens contre 114,27 yens à la veille du week-end et le dollar remontait à 81,19 yens contre 80,59 yens.
Wall Street ouvrait en hausse tandis que les Bourses asiatiques, bien qu'encore prudentes, restaient toutes orientées positivement.
Aliments sous contrôle
L'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) s'est, il est vrai, montrée plutôt optimiste hier, son directeur général affirmant qu'il n'avait « aucun doute que la crise sera surmontée efficacement ». Mais sur le terrain, les autorités se montrent encore très réservées. Bien que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) assure que la nourriture japonaise est sûre, Tokyo a interdit la vente de lait et celle de deux sortes de légumes verts, dont les épinards, dans les préfectures de Fukushima, d'Ibaraki, de Tochigi, de Gunma au nord du pays.
Taïwan, la Chine continentale et la Corée du Sud ont également singulièrement renforcé leurs contrôles sur les produits alimentaires japonais. Des produits - notamment le poisson, les fruits et les légumes - que l'Archipel a l'habitude d'exporter en grande quantité dans la région.
Si le patron du fonds d'investissement Berkshire Hathaway, Warren Buffett, estime non sans un certain cynisme qu'il y a aujourd'hui des opportunités d'achat d'actions d'entreprises nippones dont il faut profiter, l'agence de notation Moody's tenait à réaffirmer hier qu'à ses yeux le gouvernement japonais disposait sans problème des moyens financiers lui permettant de faire face à la situation.
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