Le groupe anglo-néerlandais Unilever, qui fabrique notamment le shampoing Dove et la lessive Persil, est devenu la première multinationale européenne à émettre de la dette en yuan, ou renminbi, le nom officiel de la devise chinoise. Les sommes en jeu sont modestes -300 millions, soit 32 millions d'euros -, mais le geste devrait plaire à Pékin. Les autorités ont en effet engagé un long processus d'internationalisation de leur devise avec le désir implicite de faire du yuan une monnaie d'échange en Asie, voire un jour une monnaie de réserve internationale, au moment où le statut du dollar est fragilisé.
Or Unilever, dont les ventes atteignent 1 milliard d'euros en Chine, veut y rattraper son retard sur ses rivaux comme Procter & Gamble. Et il a besoin du soutien des autorités. Deux multinationales américaines ont déjà émis ce même type de « dim sum bonds », du nom des raviolis originaires du sud de la Chine : McDonald's, en août, pour 200 millions de yuans, puis Caterpillar pour 1 milliard. La Banque mondiale a émis pour 500 millions de yuans en janvier cette année.
Emissions de Hong Kong
Depuis juillet 2010, les autorités chinoises, qui bloquent encore les mouvements de capitaux à leurs frontières, ont autorisé l'échange de renminbis à Hong Kong, où le dollar hongkongais est de plus en plus supplanté par le yuan. C'est de cette ancienne colonie anglaise qu'émettent les multinationales. Le flot des yuans échangés en dehors de Chine s'accroît aussi avec les transactions commerciales internationales. Mais pour que le yuan devienne une vraie monnaie de réserve, il faudra que Pékin ouvre son marché obligataire et renonce à une partie de son autorité sur sa devise. Le processus sera long, estiment les spécialistes.
NICOLAS MADELAINE
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