La banque espagnole crée une coentreprise avec la China Construction Bank.
Santander s'intéresse à la Chine profonde. En s'alliant avec la China Construction Bank (CCB), la première banque de la zone euro vise les petites villes et villages de l'empire du Milieu, au coeur de toutes les attentions du plan quinquennal adopté début mars par les parlementaires chinois. Les deux partenaires vont créer une coentreprise - dont Santander détiendra 19,90 % - qui offrira des services de banque commerciale. L'investissement initial se monte à près de 380 millions d'euros, mais devrait être porté à 650 millions dès l'année prochaine.
En janvier dernier, le China Daily avait déjà évoqué le rapprochement entre les deux banques, évoquant l'ouverture de cent agences dans les campagnes sur les trois prochaines années. Mais ni Santander ni CCB n'ont encore officiellement précisé le rythme et l'étendue des ouvertures prévues.
L'espagnol a choisi l'une des quatre grandes banques d'État, la deuxième du pays en termes d'actifs, pour profiter d'un allié de poids dans un pays où l'accès au marché bancaire est encore étroitement contrôlé par les autorités centrales. Les deux établissements se connaissent pour avoir passé un accord facilitant les échanges commerciaux entre leurs clients. En Chine pour CCB et en Amérique latine ou en Europe pour Santander.
Le boom des régions
Le renforcement des liens économiques entre le continent sud-américain et la Chine est d'ailleurs une des raisons qui a amené l'espagnol - très présent notamment au Brésil - sur le marché chinois. « Nous sommes en Chine car nous devons suivre nos clients. Et, sans la Chine, nous ne pouvons pas être dans les dix premières banques mondiales », confiait Juan Inciarte, vice-président exécutif en charge de la stratégie de la banque Santander, au China Daily en novembre dernier.
Aujourd'hui, le boom attendu des régions jusque-là restées en marge de la croissance aiguise les appétits des banques chinoises comme étrangères, alors que très peu d'établissements y sont implantés. Tous avaient privilégié les grandes villes et les zones côtières, locomotive de la croissance chinoise pendant des années. Santander espère profiter de l'expérience acquise dans les zones rurales de certains pays d'Amérique, comme le Brésil, pour apporter un savoir-faire à CCB.
Le gouvernement central a fait de la réduction des écarts entre riches et pauvres et du développement des campagnes un de ses principaux chevaux de bataille pour les cinq prochaines années. Pékin entend préserver une certaine stabilité sociale, mais aussi doper une part de la consommation, qui fait tant défaut à sa croissance, en enrichissant les quelque 700 millions de paysans chinois. De nombreux avantages, notamment fiscaux, tentent d'inciter les entreprises étrangères à pousser leurs implantations vers l'intérieur des terres. D'autres banques ont déjà fait le pas. Les britanniques HSBC et Standard Chartered Bank ont ainsi ouvert des agences en zone rurale. De son côté, le fonds souverain singapourien Temasek est en passe de conclure un partenariat avec la Bank of China, pour établir un réseau de 40 à 60 agences dans les campagnes.
PHOTO - Une agence de la China Construction Bank, à Pékin.© 2011 Le Figaro. Tous droits réservés.
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