Santé. Une nouvelle contamination a tué trois bébés la semaine dernière.
Moins de trois ans après le scandale du lait à la mélamine, qui a tué six enfants et rendu malade 300 000 autres, la Chine est à nouveau confrontée à un scandale du lait contaminé. Trois bébés sont morts et 36 autres enfants ont été intoxiqués la semaine dernière par du lait au nitrite produit dans la province du Gansu (nord-ouest), ont confirmé hier les autorités sanitaires chinoises. Le nitrite, un engrais, se trouve en très forte concentration dans les cours d'eau des régions agricoles. Ce produit sert aussi à conserver la viande. «Plusieurs suspects» ont été appréhendés, selon la police. Les autorités locales ont pour leur part suggéré hier qu'il pourrait s'agir d'un acte criminel intentionnel, plutôt que d'un manque de vigilance des autorités sanitaires.
Soupçons. La Chine est la proie de problèmes de sécurité alimentaires récurrents. En février, une étude scientifique révélait qu'au moins 10% du riz produit en Chine contient des concentrations de cadmium supérieures aux normes en vigueur. Aucune mesure de précaution n'a été rendue publique depuis. La population chinoise est donc plus que jamais d'une grande méfiance, surtout à l'égard du lait. Les mères de jeunes enfants qui peuvent se le permettre n'achètent plus que du lait produit à l'étranger pour leurs nourrissons. Hongkong connaît ainsi depuis 2008 une ruée sur le lait en poudre pour bébés d'une ampleur telle qu'une pénurie a commencé à se faire sentir ces derniers mois. Le gouvernement a beau tenter de rassurer, rien n'y fait. Cette dernière affaire n'est pas de nature à calmer les soupçons. Pas plus que la brutalité, confinant à la perversité, dont fait preuve la police pour faire taire les victimes.
Prison. Zhao Lianhai, le père d'un des enfants empoisonnés par du lait à la mélamine en 2008, vient de révéler que la police l'avait nourri de force avec du lait qui était vraisemblablement contaminé. Le jeune père de famille a été condamné à deux ans et demi de prison, le 10 novembre, pour «incitation à des troubles sociaux». Il avait en fait été puni pour avoir organisé un groupe de parents de victimes - des enfants qui souffrent de calculs rénaux résultant de leur intoxication avec ce produit chimique. Après le scandale, les familles n'ont reçu que des dédommagements minimes, de 2 000 yuans (235 euros). Trop peu pour Zhao, qui a l'instar des autres parents, demande une juste compensation.
Il a été libéré sur parole «pour raisons médicales», fin décembre, suite à une pétition de 28 députés de Hongkong scandalisés par la décision du juge. Dans un entretien téléphonique avec un journal hongkongais, il a expliqué qu'en prison, il s'était mis en grève de la faim pour protester contre sa condamnation. Zhao a alors été nourri de force par des médecins de la prison de Pékin où il était enfermé. «Ils ont utilisé du lait produit en Chine injecté par un tube enfoncé dans mes narines jusqu'à l'estomac, a-t-il précisé. Après ça, j'ai vomi pendant une demi-heure.»
© 2011 SA Libération. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire