À leur tour, les religieux font les frais de la répression tous azimuts orchestrée par le pouvoir.
Les communautés religieuses n'échappent pas au raidissement général observé en Chine depuis deux mois. Plusieurs fidèles d'une Église protestante clandestine ont été arrêtés hier, tandis que leur pasteur, Jin Tianming, interpellé la veille, retrouvait la liberté.
Le bras de fer entre les autorités chinoises et cette congrégation protestante, non reconnue officiellement, dure depuis plus d'une semaine. Shouwang est l'une des plus importantes Églises « souterraines » protestantes de Pékin. Hier encore, elle avait appelé à une cérémonie religieuse en plein air, étant privée de son lieu de culte habituel. Le propriétaire a en effet mis fin au bail, sous la pression des autorités, selon l'association chrétienne américaine de défense des droits de l'homme China Aid. Dimanche dernier, près de 170 des fidèles de l'Église avaient été arrêtés, alors qu'ils participaient à un rassemblement identique dans le nord de la capitale. La plupart d'entre eux avaient ensuite été relâchés. Hier, la police a pris les devants et empêché le regroupement, embarquant une cinquantaine de chrétiens. Selon China Aid, d'autres seraient assignés à résidence ou ont perdu leur travail à cause de leur engagement religieux.
Le silence de Ban Ki-moon
Le nombre de protestants en Chine est officiellement de 16 millions, mais ils seraient en fait entre 40 et 70 millions. Avec des Églises très dynamiques, la famille protestante a grandi beaucoup plus vite que la communauté catholique au cours de la dernière décennie. Au total, les chrétiens formeraient 5 % de la population chinoise. Chacune des cinq religions officielles est chapeautée par une organisation nationale, contrôlée par le Parti communiste. Si elle est encore fragile, la liberté religieuse a connu de réels progrès depuis trente ans, le pouvoir réalisant que l'exercice de la foi ne le menaçait pas forcément, voire pouvait servir la sacro-sainte stabilité sociale. Mais dès que les choses prennent trop d'ampleur ou s'autonomisent, la tolérance disparaît.
Aujourd'hui, les fidèles de Shouwang font les frais d'une vague de répression tous azimuts, touchant des dizaines d'avocats, intellectuels, artistes, acteurs sociaux engagés. Parmi les dernières victimes de ce tour de vis, l'artiste Ai Weiwei, dont le sort est toujours inconnu. Hier, une manifestation d'artistes a eu lieu à Hongkong pour le soutenir. Selon le Centre d'information des droits de l'homme et de la démocratie (CHRD), basé à Hongkong, Ni Yulan, une femme connue pour sa défense des expropriés, qui se déplace en fauteuil roulant depuis une précédente détention, a également été interpellée. Son mari a lui aussi disparu.
Le secrétaire de l'ONU, Ban Ki-moon, se trouve sous le feu de critiques pour n'avoir pas dit un mot sur l'intensification de la répression en Chine, alors qu'il a été fort disert sur la Côte d'Ivoire ou la Libye.
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