Les industriels français se bousculent pour vendre leurs avions aux entrepreneurs privés chinois
Assis dans des fauteuils en cuir à côté des hublots, le couple hésite. « Dans un premier temps, j'achèterai plutôt un avion de quatre à huit places », explique l'homme, qui a fait fortune dans l'importation de machines pour le textile. Comme lui, un nombre croissant de richissimes Chinois envisagent de s'offrir un avion privé.
A bord d'un G200 de Gulf-stream, un jet de 19 mètres posé sur le tarmac de l'aéroport de Shanghaï à l'occasion du premier Salon de l'aviation d'affaires, qui s'achevait samedi 16 avril, il précise : « Ce serait plutôt pour mes voyages d'affaires, mais aussi pour mes loisirs. C'est un excellent moyen d'impressionner mes clients. »
Le contrôle du ciel demeure un obstacle majeur au développement de l'aviation privée en Chine. Les autorités ont annoncé, en novembre 2010, l'ouverture progressive des vols à basse altitude, jusqu'alors réservés à l'armée, ce qui devrait doper les ventes d'hélicoptères et d'avions légers.
« Potentiel énorme »
Quant aux achats de jets privés, ils ne sont tolérés que depuis 2003, mais les clients potentiels sont encore découragés par des procédures d'autorisation de vol longues et complexes. Le gouvernement promet de les simplifier. « A mesure que s'ouvre le ciel, la demande de jets explose », constate l'homme d'affaires. Une aubaine pour les avionneurs étrangers. « Le marché de l'aviation d'affaires est énorme, comme le potentiel pour les entreprises françaises », constate Thierry Mariani, le secrétaire d'Etat aux transports français, en déplacement en Chine vendredi et samedi.
Dassault Falcon espère ainsi avoir convaincu deux nouveaux clients lors du salon de Shanghaï. L'avionneur français pense vendre une vingtaine d'avions en 2011 en Chine, dont onze avant la fin du mois d'avril. « Aux Etats-Unis, plus d'une dizaine de milliers de jets volent, alors qu'ici ce n'est qu'une centaine à l'heure actuelle, aime à comparer Jean Rosanvallon, président de Dassault Falcon. Ce rapport de 1 à 100 illustre nos espérances pour les années à venir. »
Alors que sur les marchés américain et européen les achats sont principalement des renouvellements, les Chinois font leurs premières acquisitions et veulent ce qui se fait de mieux. La meilleure vente de Dassault en Chine est le Falcon 7X, le jet le plus cher, autour de 50 millions de dollars (34,6 millions d'euros). Pour séduire les néophytes, le français s'appuie sur sa double casquette d'avionneur civil et militaire, synonyme de qualité.
Les clients cibles sont ces entrepreneurs privés ayant fait fortune en trente années de croissance économique et qui possèdent désormais des usines, mines et autres affaires à travers le monde. A la différence de leurs concurrentes américaines, les plus grandes entreprises chinoises, appartenant au gouvernement central, rechignent encore à s'offrir des jets pour leurs dirigeants, sobriété imposée par le Parti oblige. Cela ne les empêche pas de recourir aux services de sociétés de location de jets, qui se multiplient elles aussi.
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