jeudi 21 avril 2011

La Chine s'inquiète de la montée du niveau de la mer sur son littoral

Le Monde - Environnement & Sciences, vendredi, 22 avril 2011, p. 4

La Chine s'inquiète de la montée des eaux sur son littoral. Mercredi 20 avril, ces craintes étaient officialisées avec la publication, par l'agence Chine nouvelle, d'un document de l'Administration océanique d'Etat : le niveau des océans a augmenté le long des côtes du pays de 2,6 millimètres par an en moyenne, au cours des trente dernières années. Et les températures moyennes de l'atmosphère et du milieu marin côtier ont augmenté respectivement de 0,4 et 0,2 oC au cours des dix dernières années.

Selon un autre rapport officiel évoqué mercredi par l'agence étatique, les pertes économiques induites par ce nouveau risque maritime (fortes vagues, entrée d'eau dans les terres, etc.) ont augmenté de 18 % entre 2006 et 2010 par rapport à la période 2001-2005. Au cours des cinq dernières années, ces catastrophes ont fait 137 victimes et coûté 13,3 milliards de yuans, soit 1,4 milliard d'euros.

L'Administration océanique qualifie la montée du niveau des océans de désastre maritime " graduel ", pouvant " aggraver les conséquences des tempêtes et l'érosion côtière ". Elle appelle à renforcer l'observation scientifique du phénomène, à construire des infrastructures susceptibles de contrer cette montée des eaux, ainsi qu'à réglementer les projets de construction dans les zones du littoral.

Un expert de l'Administration océanique, Liu Kexiu, a fait explicitement le lien entre la montée du niveau de la mer et le changement climatique. M. Liu a toutefois précisé que d'autres facteurs influaient aussi, dont " l'affaissement des terrains causé par des activités humaines telles que la surexploitation des nappes phréatiques et la construction massive de hauts bâtiments en zones côtières ".

Meilleure prise de conscience

" En Chine, les provinces côtières sont les plus développées mais également les plus peuplées. La montée du niveau de la mer menace donc en priorité ces populations et l'activité économique locales ", explique Li Yan, chargée de la campagne climat de Greenpeace en Chine. La militante se réjouit néanmoins d'une meilleure prise de conscience au sein de l'administration et de l'opinion publique, de la question du changement climatique.

Le gouvernement s'est fixé en mars 2011 un objectif de réduction de 17 % de " l'intensité carbone " de la Chine, c'est-à-dire de la quantité de CO2 émise rapportée à la progression de son produit intérieur brut. Devenue en 2008 le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, la Chine refuse toutefois de s'imposer un plafond en termes absolus de consommation d'énergie - notamment de charbon -, ou d'émissions de CO2, jugeant qu'il pourrait brider ses progrès économiques. Pékin considère que la responsabilité " historique " du réchauffement actuel revient en effet aux Etats-Unis et à l'Europe.

Le Groupement d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat avait estimé, en 2007, dans son dernier rapport d'évaluation, que la Chine pourrait être l'une des plus importantes victimes du réchauffement de la planète.

Harold Thibault

© 2011 SA Le Monde. Tous droits réservés.

0 commentaires: