Si je vois Obama, je dois aussi voir les Chinois », avait enjoint Dilma Rousseff à ses conseillers après avoir reçu l'invitation du président américain. Chose dite, chose faite : la présidente brésilienne se retrouve cette semaine à Pékin.
La Chine est devenue le principal partenaire commercial du Brésil, tout comme le premier investisseur étranger direct, loin devant les Etats-Unis. Les échanges bilatéraux se sont accélérés vertigineusement, passant en dix ans de quelque 2 milliards de dollars à 56 milliards de dollars. La balance penche pour l'heure en faveur du Brésil, qui a dégagé un excédent d'un peu plus de 5 milliards de dollars l'an dernier.
Mais il n'y pas que des motifs de satisfactions. Dilma Rousseff constate que les matières premières ont une présence écrasante au sein des exportations brésiliennes (87 %), et que cela n'est pas très bon pour l'avenir. Les rares industriels qui ont misé sur la Chine, comme l'avionneur Embraer ou le fabricant de bus Marcopolo, rencontrent de multiples difficultés pour développer leurs opérations dans ce pays. A l'inverse, les Chinois s'enhardissent. Après avoir accordé des financements à la société pétrolière Petrobras, la Chine, par l'intermédiaire de Sinopec, a racheté 40 % des participations de Repsol dans de nombreux champs de pétrole au Brésil. Même démarche effectuée par Sinochem, autre entreprise publique chinoise, auprès de Statoil. Des investissements de plus de 10 milliards de dollars. Les automobilistes brésiliens s'étonnent aussi de voir circuler de plus en plus de modèles de marques chinoises, comme Chery ou Jac Motors.
Il y a donc du grain à moudre. Mais comment s'y prendre ? Dilma Rousseff va t-elle sortir ses griffes en Chine ? Ses diplomates lui recommandent le plus grand doigté.
Sur le terrain des droits de l'homme, on l'attend aussi au tournant. Elle qui, contrairement à son prédécesseur Lula, a clairement condamné les violations des droits de l'homme en Iran, saura-t-elle trouver les mots justes sur un sujet qui fâche à Pékin ?
Thierry Ogier
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