vendredi 20 mai 2011

Dominique Strauss-Kahn restera comme l'architecte du renouveau du FMI


Les Echos, no. 20937 - International, vendredi 20 mai 2011, p. 6

Fin du dogmatisme, comptes redressés, renforcement du rôle des pays émergents sont parmi les principales réformes entreprises avec succès par DSK.

Certes, l'histoire a grandement facilité la tâche de Dominique Strauss-Kahn dans son entreprise de renouvellement du Fonds monétaire international (FMI). En prenant ses fonctions, le 1er novembre 2007, le Français était loin de se douter qu'il aurait à faire face à la plus grande crise économique et financière de l'après-guerre et que l'institution multilatérale serait un des piliers de la réorganisation de la gouvernance mondiale. Discrédité après sa gestion « rigide » de la crise asiatique en 1997 et 1998, le FMI va retrouver sous la houlette de DSK, grâce à son entregent politique au niveau international, toute son aura. «La crise financière a donné au Fonds une occasion de commencer à réaffirmer sa place dans le monde, et Dominique Strauss-Kahn a saisi cette occasion», écrivait ainsi mardi Mohamed El-Erian, ancien économiste du FMI, aujourd'hui directeur général du fonds obligataire Pimco.

Réforme des droits de vote

Premier succès à mettre à l'actif de DSK : le renforcement du rôle des pays émergents au sein de l'institution. Alors qu'une première réforme des droits de vote (quotas) des pays membres avait été engagé sous la direction de son prédécesseur, l'Espagnol Rodrigo Rato, Dominique Strauss-Kahn a mené tambour battant la seconde réforme qui, en 2010, a abouti au transfert de plus de 5 % des droits de vote des pays industrialisés vers les émergents. Cette refonte, qui a réduit légèrement le poids des Européens, a permis aux grands pays émergents d'être désormais parmi les dix premiers actionnaires du Fonds. La Chine surtout s'est hissée à la troisième place. DSK a pris soin aussi de renforcer leur rôle par la nomination de personnalités issues de ces pays. Il a notamment désigné l'ancien vice-président de la Banque centrale chinoise, Zhu Min, comme conseiller spécial.

Nouveaux outils de prêt

Autre succès : le moindre dogmatisme de l'institution et une plus grande souplesse des politiques recommandées aux pays en difficultés. Le Français, en introduisant dans son discours un aspect social - la lutte contre le chômage doit être une priorité, a-t-il indiqué lors d'un discours désormais célèbre, à Oslo, le 13 septembre 2010 -a permis au Fonds de se dédouaner du « consensus de Washington », doctrine ultralibérale voulant qu'une seule politique économique soit applicable à n'importe quel pays sous programme FMI. C'est sous la direction de DSK que, pour la première fois, en juillet 2009, le Fonds a décidé d'annuler les intérêts des pays les plus défavorisés pour une période de deux ans et demi, qui pourrait être prolongée.

A cela s'ajoute la création de nouveaux outils de prêt, à l'instar d'une ligne de crédit flexible destinée aux pays conduisant une bonne politique économique mais subissant des problèmes temporaires, ou d'une ligne de crédit dit « de précaution » pour les pays craignant une crise potentielle. A côté de ces instruments, le Fonds a réformé et élargi sa surveillance par l'élaboration de nouveaux documents d'analyse comme les études, par pays, des systèmes financiers ou encore les études sur les répercussions transfrontières des politiques économiques des grands pays. Résultat des courses, les comptes de l'institution, dégradés à l'arrivée de DSK, ont été redressés. Le Fonds n'a jamais été aussi riche, ses membres ayant décidé en avril 2009 de tripler ses ressources puis en novembre 2010 de doubler leur contribution permanente au capital.

RICHARD HIAULT

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