lundi 16 mai 2011

DSK - La thèse du complot fleurit à gauche comme à droite

Le Monde - Politique, mardi 17 mai 2011, p. 4

Manipulation, piège, coup monté, complot ? Les partisans d'une candidature de Dominique Strauss-Kahn à l'élection présidentielle de 2012 ont été les plus prompts à se faire les relais de ces interrogations.

Sur son blog, Jean-Jacques Urvoas, député (PS) du Finistère, a publié, dimanche 15 mai, un billet titré " Rétroviseur " dans lequel il évoque l'affaire Markovic, à laquelle la rumeur mêla, en 1968, le nom de Claude Pompidou, l'épouse du premier ministre. " Aucun procès n'eut jamais lieu. Les calomnies n'eurent pas d'effet sur la carrière de Georges Pompidou, qui fut élu chef de l'Etat le 15 juin 1969. Mais il garda toute sa vie dans sa poche un petit carnet comprenant les noms des gens qui avaient participé au complot. "

" Toute cette histoire ne lui ressemble pas ", écrit le député (PS) de Paris Jean-Christophe Cambadélis, à propos de celui dont il est un des premiers lieutenants. Lui aussi appelle à " ne pas tirer de conclusions hâtives ". " Je me souviens encore trop de l'affaire Patrice Alègre ou, dans un autre registre, de celle de l'espionnage de Renault, où des innocents ont été accusés à tort ", explique-t-il.

Jean-Marie Le Guen, député (PS) de Paris, estime que " l'affaire n'est pas crédible ". " Cela participe de campagnes qui sont menées, ou s'apprêtaient à être menées, contre DSK ", a-t-il affirmé, lundi 16 mai, sur France Inter.

Michelle Sabban, vice-présidente (PS) du conseil régional d'Ile-de-France, a qualifié l'affaire de " nouvelle forme d'attentat politique ". " Je suis convaincue d'un complot international, a-t-elle déclaré. C'est le FMI qu'on a voulu décapiter, pas tant le candidat à la primaire socialiste. Tout le monde sait que sa fragilité c'est les femmes. Ils l'ont pris par cela. "

Cette théorie trouve également des adeptes à droite. " Le piège, on ne peut pas ne pas y penser ", a relevé le ministre de la coopération, Henri de Raincourt. De son côté, Christine Boutin, présidente du Parti chrétien-démocrate, " pense que, vraisemblablement, on a tendu un piège à Dominique Strauss-Kahn et qu'il y est tombé ". Selon l'ex-ministre, " ça peut venir du FMI, de la droite française ou de la gauche française ".

Sur Internet, la thèse du complot s'est répandue comme une traînée de poudre. D'autant qu'un jeune militant UMP, Jonathan Pinet, aurait été sans doute le premier, avant les médias américains, à annoncer sur Twitter, l'interpellation du patron du FMI, en citant " un pote aux Etats-Unis ". Un internaute du Post.fr accuse ainsi le jeune militant de participer à " une opération minutieusement orchestrée par l'UMP " D'autres relèvent qu'un des premiers à avoir " re-tweeté " l'information n'est autre qu'Arnaud Dassier, du site Atlantico, déjà auteur de révélations sur la Porsche de fonction d'un conseiller de DSK.

Patrick Roger

PHOTO - Benjamin Brafman and William Taylor, lawyers for International Monetary Fund leader Dominique Strauss-Kahn speak to the press at Manhattan Criminal Court May 15, 2011.

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