Les Echos, no. 20934 - Industrie, mardi 17 mai 2011, p. 24
Si la Chine tire la demande, seuls 128 avions d'affaires ont été livrés au niveau mondial au premier trimestre, contre 164 il y a un an. Au Salon qui débute aujourd'hui à Genève, avionneurs et exploitants tablent désormais sur un redécollage en 2012, voire 2013.
L'édition 2011 du Salon de l'aviation d'affaires, qui ouvre ses portes ce matin à Genève, ne sera pas celle de la reprise tant attendue. Malgré le volontarisme des constructeurs, qui multiplient les modèles pour relancer la demande, les ventes restent très en dessous de leur niveau d'avant la crise, avec un total de 128 jets d'affaires livrés au niveau mondial au premier trimestre, contre 164 l'an dernier à la même période et 250 en 2007, selon l'association des constructeurs d'avions d'affaires Gama. En valeur, le marché n'a pas dépassé 3,7 milliards de dollars durant ce trimestre.
Du coup, les professionnels du secteur reportent leurs espoirs sur 2012. « La situation s'améliore, mais lentement », explique Charles Edelstenne, le PDG de Dassault Aviation. L'avionneur français, qui a dévoilé hier le Falcon 2000S, un « super-mid-size » de 10 places « à moins de 25 millions de dollars », qui sera son modèle d'entrée de gamme, table sur 70 livraisons en 2011, contre 95 l'an dernier. « Le nombre des transactions augmente, le stock d'avions disponibles sur le marché de l'occasion décroît, mais l'incertitude économique freine encore les entreprises. La véritable reprise attendra donc 2012 », estime Charles Edelstenne. Après deux années de solde de commandes négatifs pour Dassault Aviation, les nouvelles commandes devraient l'emporter nettement sur les annulations en 2011, estime-t-il. L'an dernier, l'avionneur avait terminé sur un solde négatif de 9 commandes, ce qui marquait déjà un net progrès comparé aux 163 commandes perdues de 2009.
« Loin des niveaux de 2007 »
Même constat côté clients, chez Netjets Europe, le numéro un européen de la location d'avions d'affaires en multipropriété. « Nous faisons un peu plus d'heures de vol que l'an dernier, mais nous sommes loin des niveaux de 2007, reconnaît sa vice-présidente, Marine Eugène. Pour ce qui nous concerne, nous ne prévoyons pas de revenir au niveau d'avant la crise avant 2013-2014. »
La filiale européenne de Netjets, qui a taillé dans ses commandes et dans ses effectifs en 2009, ne compte pas prendre livraison du moindre appareil avant 2013 et doit encore renégocier avec Dassault une commande de 20 appareils. Sa maison mère Netjets US avait bien fait sensation, en annonçant l'an dernier une commande géante de 120 appareils au canadien Bombardier, pour une valeur pour 6,7 milliards de dollars. Mais ce contrat hors normes - le plus important de l'histoire de l'aviation d'affaires -s'est limité, pour l'heure, à 50 commandes fermes. Avec, pour contrepartie, le rachat par Bombardier de 50 jets de Netjets, ce que ni Gulfstream ni Dassault Aviation n'avaient voulu accepter. La seule véritable bonne surprise de ce début d'année est le décollage en flèche du marché chinois, qui vient d'ouvrir son ciel aux avions d'affaires. « La Chine est le marché où nous avons vendu le plus d'avions au premier trimestre, souligne Charles Edelstenne. C'est au-delà de nos espérances. »
Selon John Rosanvallon, le PDG de Dassault Falcon, la Chine a généré la moitié des commandes enregistrées depuis le début de l'année, soit une quinzaine d'appareils, pour la plupart des 7X, le fleuron de la gamme, à 40 millions de dollars l'unité. Le patron de Falcon, qui n'a vendu qu'une vingtaine d'avions en Chine, « dont les trois quarts ces dix-huit dernier mois », table sur une demande potentielle d'une centaine de jets d'affaires par an, tous constructeurs confondus. « Sachant que la flotte d'avions d'affaires en Chine se limite aujourd'hui à une centaine d'appareils, contre 10.000 aux Etats-Unis, le potentiel du marché chinois est énorme », souligne-t-il.
Bruno Trévidic
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