mardi 17 mai 2011

Le séisme japonais risque d'entraîner la perte de deux à trois millions de véhicules

Les Echos, no. 20934 - Industrie, mardi 17 mai 2011, p. 23

Problèmes d'approvisionnement en composants, désorganisation sur leurs chaînes : les constructeurs automobiles n'ont pas pu produire l'équivalent de 1,5 à 1,8 million de voitures depuis le 11 mars, dont près de 80 % chez les japonais. Ce cumul va encore croître d'ici à l'automne.

Les choses reviennent tout doucement à la normale pour les constructeurs automobiles, particulièrement japonais, frappés par le séisme du 11 mars et ses conséquences. Mais la baisse de leurs plans de charge est encore loin d'être enrayée.

Selon les derniers pointages du cabinet de consultants IHS Automotive, le secteur automobile a déjà perdu l'équivalent de plus de 1,5 million de véhicules depuis le tsunami, faute de composants disponibles, dont 1,1 million sur le sol japonais. Ce total s'élève même à 1,8 million d'unités dans le monde, renchérit Philippe Varin, le président de PSA Peugeot Citroën, très peu touché par rapport à ses homologues japonais comme Toyota, Nissan ou Honda, qui représentent à eux seuls 80 % du total.

Il ne s'agit pas de véhicules détruits ou abîmés, mais tout bonnement de voitures non produites, par rapport aux plannings de production normaux des constructeurs. « Avant ces événements, nous avions prévu une croissance de la production automobile mondiale de 5 à 6 %, mais avec le séisme japonais, il va falloir réviser ce taux à la baisse », selon le patron du second constructeur européen. Néanmoins, le marché mondial serait toujours orienté à la hausse en 2011, grâce au dynamisme de certains pays comme la Chine ou la Russie, ajoute-t-il.

Sur l'ensemble de l'année, le nombre de voitures et utilitaires non fabriqués pourrait se situer entre 2 et 3 millions, selon lui. Un volume à rapprocher des 77,6 millions de véhicules assemblés dans le monde l'an dernier.

Mesures de rattrapage

Tout dépendra des mesures de rattrapage que les groupes nippons mettront en oeuvre dans leurs usines à partir de l'automne. En termes de « manque à produire », un pic devrait être atteint au début septembre, avec un volume perdu compris entre 3,4 et 4 millions de véhicules, prévoit IHS. Ensuite, les constructeurs devraient mettre les bouchées doubles, mais les plannings ne sont pas très élastiques, et l'effondrement de la demande automobile au Japon incitera tout le monde à la prudence. « Si bien que sur 2011, nous pensons que les constructeurs pourront rattraper seulement 15 % des volumes perdus. Le reste, soit 85 %, le sera courant 2012 », selon Carlos da Silva, d'IHS Automotive.

Même lent, le rétablissement industriel s'amorce : Toyota estime désormais avoir du mal à trouver une trentaine de composants différents, contre 150 en avril et 500 en mars. Nissan juge de même qu'à peine 20 de ses équipementiers sont encore dans une situation critique, contre 40 en mars.

DENIS FAINSILBER

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