mardi 3 mai 2011

Le Facebook chinois cherche des amis sur le Nasdaq - Gabriel Grésillon

Les Echos, no. 20924 - High-tech & Médias, mardi 3 mai 2011, p. 27

Principal réseau social chinois avec ses 160 millions d'abonnés revendiqués, le site Renren.com prévoit de lever autour de 690 millions de dollars. Le marché devrait suivre, même si les analystes pointent du doigt les faiblesses de la société.

Ce n'est pas parce que Facebook est interdit en Chine que les Chinois sont en retard dans les réseaux sociaux. La preuve : le groupe Renren, propriétaire du site Renren.com, principal réseau social chinois, doit s'introduire cette semaine sur le Nasdaq. D'après les dernières estimations, la société, qui revendique 160 millions d'utilisateurs, pourrait lever autour de 690 millions de dollars. Renren prévoirait d'investir 180 millions de dollars dans la R & D, une somme équivalente pour son marketing et le reste dans des opérations de croissance externe.

Le marché américain va-t-il réserver au Facebook chinois un accueil aussi enthousiaste que celui auquel ont eu droit les stars de l'Internet local que sont Baidu ou Youku ? Il y a des chances : la Chine a beau compter le plus grand nombre d'internautes au monde, son taux de pénétration n'est encore que de 35 %, contre près de 80 % au Japon et en Corée du Sud. Mais également du fait que la pertinence du « business model » n'est plus à démontrer : Renren ressemble beaucoup à Facebook, dont la valorisation avoisine aujourd'hui les 70 milliards de dollars, au moins... Surfant sur cette confiance, Renren a d'ailleurs annoncé, la semaine dernière, qu'il allait augmenter de 30 % le prix des actions mises en vente.

Pour autant, les analystes invitent à la prudence. D'abord parce que Renren n'est pas le seul à avoir investi le secteur des réseaux sociaux. Tous les grands noms de l'Internet chinois s'y intéressent. Et le principal concurrent de Renren, Kaixin001, qui revendique 120 millions d'utilisateurs, prévoirait également de s'introduire en Bourse aux Etats-Unis à brève échéance. Les relations entre ces deux sociétés sont tumultueuses, Renren ayant été condamné en justice pour avoir, à ses débuts, copié le design, mais également le nom de domaine de Kaixin001.

Un certain flou

Autre point d'interrogation : le flou qui entoure la société. Elle a récemment revu à la baisse la croissance du nombre de ses utilisateurs uniques. Et admet également des « déficiences significatives » dans sa propre gestion financière. Les interférences politiques locales pourraient entraver le développement du site en Chine. Tenu à l'autocensure, Renren prévient qu'il bloquera les contenus « socialement déstabilisants » et tout ce qui « porterait préjudice à la dignité nationale ». Enfin, cette introduction en Bourse intervient au moment où l'on s'attend à une correction, après un enthousiasme excessif concernant les valeurs Internet chinoises. Renren.com, qui n'a pas encore fait la preuve de sa capacité à être rentable, pourrait en faire les frais.

Gabriel Grésillon

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