Les Echos, no. 20933 - Marchés, lundi 16 mai 2011, p. 33
L'un des dirigeants du CIC a annoncé que Pékin, qui accumule les réserves de change, travaillait au versement de financements continus à son fonds souverain. Une injection de 100 à 200 milliards de dollars est évoquée.
Le fonds souverain chinois va-t-il bientôt se voir confier la gestion de nouvelles liquidités ? C'est en tout cas l'hypothèse à laquelle veut croire publiquement l'un de ses dirigeants, Jin Liqun, qui dirige le comité de supervision de China Investment Corporation (CIC). Celui-ci a annoncé, lors d'un forum international des fonds souverains tenu à Pékin que son organisation travaillait à la mise en place d'un « mécanisme grâce auquel nous recevrons un financement continu ». Le « Financial Times » croit savoir que le montant de l'augmentation de capital envisagée devrait s'élever entre 100 et 200 milliards de dollars.
Fondé en 2007 dans le but de développer une gestion plus dynamique d'une partie des réserves de change de la Chine, le CIC n'a pas eu des débuts glorieux. Il a d'abord investi essentiellement dans des valeurs financières américaines, telles Blackstone et Morgan Stanley... dont la valeur boursière a sombré dans les mois qui ont suivi, en raison de la crise financière. Cela lui a valu une grande impopularité dans les médias chinois. Et cela a stoppé net les injections annuelles d'argent frais qui lui avaient été promises lors de son lancement. Aujourd'hui, les 200 milliards de dollars dont il a été doté initialement - dont 110 ont été, comme prévu, investis à l'étranger -ne semblent plus à la hauteur de l'enjeu. Alors que le montant des réserves de change était inférieur à 1.500 milliards de dollars en 2007, elles excèdent aujourd'hui les 3.000 milliards. Un niveau déraisonnable, de l'aveu même du gouverneur de la banque centrale, Zhou Xiaochuan. Si l'on suit les règles de calcul du FMI, le niveau de réserves qui serait considéré comme « nécessaire » pour la Chine se situerait entre 150 et 300 milliards de dollars.
Bras de fer
D'où la volonté des autorités chinoises de repartir à l'offensive. Mais, manifestement, la forme que prendra le dispositif n'est pas encore claire : l'hypothèse de la création de nouveaux fonds a également été évoquée. Un flou qui tient beaucoup, explique un spécialiste des finances chinoises, « au bras de fer entre la banque centrale et le ministère des Finances, la première cherchant à diviser pour mieux régner ». Si le CIC dépend du ministère des Finances et donc, in fine, du pouvoir politique central, cela déplaît profondément à l'institut d'émission monétaire, analyse-t-il. La banque centrale était d'ailleurs parvenue à imposer, lors du lancement du CIC, en 2007, que ce dernier obtienne ses liquidités en les lui empruntant, ce qui assure à celle-ci un revenu confortable d'un peu plus de 4 % par an. Et elle milite aujourd'hui pour la création de fonds dont elle seule aurait la gestion.
GABRIEL GRESILLON
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