Les Echos, no. 20928 - Entreprises et Marchés, lundi 9 mai 2011, p. 21
En Chine, on ne plaisante pas avec l'inflation. Unilever vient de l'apprendre à ses dépens. Le géant anglo-néerlandais de la grande consommation s'est vu infliger une amende de 2 millions de yuans, soit 220.000 euros, pour avoir indiqué, en mars, qu'il envisageait d'augmenter les prix de certains produits, notamment des détergents, en raison de la hausse des matières premières. Immédiatement rappelé à l'ordre par les autorités chinoises, le groupe avait renoncé à concrétiser ce projet. Mais la très puissante Commission nationale pour le développement et la réforme a condamné vendredi Unilever à verser des indemnités en raison des « sérieuses distorsions de marché » qu'auraient entraînées ses projets d'augmentation des prix. Celles-ci ont « amplifié les anticipations d'inflation de la part des consommateurs », juge la principale commission de planification économique. De fait, à l'époque, des consommateurs s'étaient rués sur les produits Unilever dans la crainte de voir leur prix augmenter.
La sanction traduit la nervosité de Pékin sur la question des prix. Depuis qu'ils dérapent - ils ont augmenté de plus de 5 % sur un an -le régime a lutté contre la valse des étiquettes : il s'inquiète, sans le dire, des répercussions potentielles de cette hausse sur la stabilité sociale. Unilever n'est pas le seul à faire les frais de cette hypersensibilité. D'après nos informations, les récents déboires de Carrefour en Chine - et notamment sa condamnation pour mensonge sur les prix -y seraient en bonne partie liés. La grande médiatisation du bras de fer sur les prix entre le distributeur et un fournisseur de nouilles instantanées ne serait pas sans lien avec les sanctions qu'il a subies, depuis, dans l'Empire du Milieu.
MARIE-JOSEE COUGARD
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