Le Monde - Economie, vendredi 10 juin 2011, p. 20
La demande mondiale a augmenté de 5,6 %, selon le rapport annuel de la compagnie pétrolière BP.
La Chine est devenue, en 2010, le premier consommateur d'énergie de la planète, devant les Etats-Unis. C'est l'un des principaux enseignements du rapport annuel de BP (« BP Statistical Review of World Energy 2011 ») publié, mercredi 8 juin, par la compagnie pétrolière britannique. Ce rapport annuel souligne aussi que la demande d'énergie primaire dans le monde a augmenté de 5,6 % - la plus forte progression en pourcentage depuis 1973 - en raison de la reprise économique qui a suivi la crise financière de 2008-2009.
Le combat des deux premières puissances économiques se lit aussi dans l'énergie, même si la consommation par habitant est encore quatre fois supérieure aux Etats-Unis. Ce fossé mettra encore du temps à se combler, mais la Chine l'a déjà fait au niveau global. En 2000, elle consommait deux fois moins que les Etats-Unis, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui estimait en 2010 qu'elle était déjà passée au premier rang.
En 2010, la demande de la Chine a grimpé de 11,2 % (3,7 % aux Etats-Unis), absorbant un cinquième de l'énergie consommée dans le monde (20,3 %), juste devant les Etats-Unis (19 %) et très loin devant la Russie (5,8 %) et l'Inde (4,4 %). Que son appétit pour les énergies fossiles (et aujourd'hui renouvelables) l'ait ainsi propulsée au premier rang n'est pas une surprise : elle était déjà devenue le premier émetteur de CO2, devant les Etats-Unis, en 2006; et la deuxième économie mondiale, devant le Japon, en 2010.
La croissance de la Chine n'explique pas tout. Son appareil productif n'a pas été totalement modernisé et son économie affiche encore une forte intensité énergétique (la consommation d'énergie par point de produit intérieur brut). Pékin s'est engagé dans une politique volontariste pour améliorer la situation et réduire ainsi ses émissions de CO2, notamment en remplaçant nombre de vieilles centrales au charbon par des chaudières plus performantes. Mais le pays consomme encore 48,2 % du charbon extrait dans le monde.
Le « boom » énergétique chinois ne doit pas faire oublier que la demande a été très soutenue ailleurs, surtout dans les pays émergents, rappelle le rapport de BP. Poussée par l'Inde, le Brésil et les autres économies montantes, la consommation de la zone hors Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a progressé de 7,5 %, deux fois plus que dans la trentaine de pays de l'OCDE (+ 3,5 %).
En dehors de l'hydroélectricité, les énergies renouvelables (éolien, solaire, biomasse, géothermie...) pèsent encore très peu dans la consommation (1,8 %) quand le charbon atteint 29,6 %, son plus haut niveau depuis 1970. La hausse de la demande de pétrole (+ 3,1 %), mais surtout de charbon (+ 7,6 %) et de gaz (+ 7,4 %) « suggère que les émissions de CO2 ont augmenté au rythme le plus élevé depuis 1969 », observent les auteurs du rapport. A ce rythme, a déjà prévenu l'AIE, il sera difficile de stabiliser à 2º la hausse moyenne de la température du globe en 2100.
Jean-Michel Bezat
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