Les Echos, no. 20945 - International, mercredi 1 juin 2011, p. 6
Naoto Kan, le chef du gouvernement japonais, doit affronter une motion de censure au Parlement. Inquiet de l'endettement de l'Archipel, Moody's pourrait dégrader dans les prochains mois la note souveraine du pays.
Une à une, les grandes agences de notation financière expliquent aux investisseurs qu'elles ne voient plus comment le Premier ministre japonais pourrait réussir à sortir de la périlleuse spirale de l'endettement. Hier, Moody's, qui avait placé en février la note du Japon sous perspective négative a annoncé que le Japon, dont la dette publique atteindra cette année 219 % du PIB, était « sous surveillance ». Les analystes de l'agence devraient ainsi décider dans les trois mois d'abaisser la note de la dette nippone, actuellement au niveau de Aa2. « La faible perspective de croissance et une réponse politique inadaptée pourraient rendre plus difficile à atteindre l'objectif de réduction du déficit », a expliqué le groupe, qui s'inquiète ouvertement de l'incapacité de l'Etat à boucler ses prochains budget et à financer la reconstruction des régions détruites par les catastrophes du 11 mars dernier.
Si ce mouvement généralisé d'abaissement des notes de la dette du pays ne va pas remettre en cause, à court terme, la capacité de Tokyo à écouler ses obligations - il vend 95 % de sa dette à des investisseurs locaux -, le discours alarmiste des économistes étrangers va accentuer la pression sur le chef du gouvernement qui pourrait se retrouver confronté, aujourd'hui ou demain, à une motion de censure au Parlement.
Le grand parti d'opposition, le LDP, et plusieurs cadres du DPJ, la formation du Premier ministre Naoto Kan, veulent montrer dans un vote que l'actuel leader du pays n'a plus de légitimité pour résoudre les crises sociale, fiscale et économique qui frappent l'Archipel. Ils affirment qu'une démission du chef du gouvernement, au plus bas dans les sondages, favoriserait la formation d'une grande coalition plus apte à faire face aux défis et à valider les budgets de la nation. Malgré une intense campagne médiatique, ces critiques ne devraient toutefois pas réussir à obtenir suffisamment de voix pour faire voter la motion de censure. « Je ne peux pas abandonner mes responsabilités maintenant », a tranché, hier, Naoto Kan, qui était interrogé sur cette poussée de la contestation.
C'est dans ce climat très tendu que le responsable va devoir expliquer dans les prochains jours comment il compte financer le prochain budget de reconstruction, qui pourrait être deux ou trois fois supérieur à l'enveloppe de 4.000 milliards de yens (33 milliards d'euros) débloquée dans l'urgence en mai dernier, sans aggraver encore la situation financière du Japon.
YANN ROUSSEAU
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