mercredi 1 juin 2011

Pékin relève le prix de l'électricité - Gabriel Grésillon

Les Echos, no. 20945 - International, mercredi 1 juin 2011, p. 7

Après des semaines d'hésitation, Pékin semble s'être finalement résolu à l'inévitable : augmenter les tarifs de l'électricité. Citant un haut responsable de la Commission nationale pour le développement et la réforme (NDRC) tenu à l'anonymat, l'agence Bloomberg affirme que les prix du courant vont être revus à la hausse dans une quinzaine de provinces chinoises à partir d'aujourd'hui. Les particuliers ne seront pas concernés par ces changements de tarifs réservés aux industriels, aux agriculteurs et aux commerçants. D'après l'agence chinoise Xinhua, le kilowattheure va passer en moyenne, pour ces derniers, de, 0,47 à 0,49 yuan.

Les prix n'avaient pas bougé depuis novembre 2009. Or ceux du charbon, qui fournit presque quatre cinquièmes de l'électricité en Chine, se sont, eux, appréciés. Ils sont actuellement au plus haut depuis octobre 2008. Si bien que les producteurs d'électricité chinois ont vu leurs profits s'effondrer, jusqu'à déboucher sur une situation économiquement aberrante : produire à perte du courant. D'où le peu d'empressement dont ils ont témoigné, ces derniers mois, pour installer de nouvelles capacités de production, alors même que la demande ne cessait d'augmenter. Hier, l'annonce des nouveaux tarifs de l'électricité a fait bondir leurs actions à la Bourse de Hong Kong.

Sécheresse

Pékin n'avait plus réellement le choix. Car l'été s'annonce critique en matière d'approvisionnement électrique. Non seulement les centrales thermiques tournent au ralenti du fait du coût du charbon, mais il faut y ajouter une sécheresse considérée comme la plus grave depuis cinquante ans, qui pénalise la production hydroélectrique. D'après la société qui gère le réseau électrique chinois, on peut s'attendre, dans les mois qui viennent, à une différence de 40 gigawatts entre production et consommation, ce qui serait la pire pénurie jamais constatée en Chine.

Pour autant, la décision n'a pas été facile à prendre : elle risque d'abord d'accélérer la disparition des entreprises les plus vulnérables, qui subissent déjà de fortes pressions inflationnistes (main-d'oeuvre et hausse du yuan pour ce qui concerne les exportateurs) en même temps qu'une raréfaction du crédit. Surtout, augmenter le prix du courant va à l'encontre de l'objectif de Pékin de freiner la valse des étiquettes. D'où la décision d'épargner les ménages.

Gabriel Grésillon

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