La Croix, no. 38991 - Monde, mercredi 8 juin 2011
Les pays émergents prennent le relais des grandes puissances occidentales pour ce qui est des achats d'armes. Les principaux vendeurs d'armes à l'exportation restent les États-Unis, la Russie, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la France.
Sur le marché de l'armement, les pays émergents prennent le relais de l'Occident. C'est ce que souligne l'Institut international de recherche pour la paix de Stockholm (Sipri), dans son rapport annuel rendu public hier.
Pour l'année 2010, les dépenses militaires globales ont certes marqué le pas, avec une croissance de 1,3 %, atteignant 1112 milliards d'euros : la plus faible croissance depuis 2001. Mais cette tendance s'explique par la réduction des dépenses des pays riches, et surtout des Européens, forcés de se serrer la ceinture en période d'austérité budgétaire. Une réduction compensée par les pays du Sud, et les grands émergents en tête : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud.
Centre névralgique de ce Sud qui s'arme, l'Asie a massivement importé l'année dernière. Des investissements qui sont liés au complexe équilibre régional. « La course aux armements à laquelle se livrent l'Inde et le Pakistan dure depuis plusieurs années, et participe de cette militarisation de l'Asie », témoigne Fabio Liberti, directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). Ils occupent d'ailleurs les deux premiers rangs des importateurs mondiaux d'armes pour l'année 2010, pour plus de 4 milliards d'euros à eux deux ; l'Inde, également soucieuse de la question du Cachemire, est essentiellement fournie par la Russie, et fait tout pour demeurer devant son rival pakistanais.
« Et puis la Chine bien sûr, qui veut consolider son rôle de puissance régionale : en plus de ses dépenses militaires, elle inquiète ses voisins qui eux-mêmes cherchent à maintenir l'équilibre, comme le Japon par exemple. » L'empire du Milieu est le premier importateur d'armes sur la décennie écoulée (16,4 milliards d'euros), juste devant l'Inde, la Corée du Sud et la Grèce.
En 2010, les dépenses militaires totales de la Chine s'élevaient à 81 milliards d'euros (7,3 % des dépenses mondiales), la plaçant au second rang mondial devant la Grande-Bretagne, la France et la Russie. Mais l'écart reste grand avec le concurrent américain qui, avec 476 milliards d'euros en 2010 (43 %), continue d'investir dans sa puissance militaire. « S'il ne se concrétise pas militairement, le grand affrontement stratégique annoncé entre les États-Unis et la Chine constitue assurément un moteur pour l'industrie d'armement », rappelle Fabio Liberti, « surtout dans un contexte de réduction durable des budgets militaires pour les pays occidentaux ».
Reste que ces derniers continuent de produire massivement, et de vendre aux pays du Sud. Un quintette d'exportateurs d'armement qui ne varie guère : États-Unis et Russie (plus de la moitié des fournitures d'armement sur le marché international), ainsi que les trois piliers européens (Allemagne, France et Royaume-Uni) qui assurent près du quart des exportations mondiales d'armes conventionnelles.
Le Sipri détaille les principaux clients de ce club d'exportateurs : ils sont majoritairement indiens et chinois pour la Russie, sud-coréens et australiens pour les États-Unis, tandis que les Britanniques vendent surtout à leur partenaire américain et à l'Arabie saoudite, et les Français à Singapour, aux Émirats arabes unis ou à la Grèce.
Le marché de l'armement, relève le Sipri, reste un des plus corrompus du monde. Selon les estimations de l'Institut de Stockholm, il concentre 40 % de la corruption de l'ensemble des transactions internationales.
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