mardi 21 juin 2011

Médicaments : la Chine sera sur le podium dans trois ans

Les Echos, no. 20956 - Industrie, lundi 20 juin 2011, p. 21

Cette année, le marché mondial des médicaments devrait progresser de 4,8 %, à 918 milliards de dollars, mais la distinction est nette entre les pays matures, dont la croissance ne dépasse pas 5 %, et les économies émergentes, en forte hausse.

La France a beau rester le premier consommateur mondial de médicaments par habitant, en volume total, elle est en train de se faire éjecter du trio de tête des grands marchés par la Chine. Alors que l'Hexagone figurait encore en troisième position en 2004, cette place sera occupée par l'empire du Milieu en 2014, selon les prévisions des consultants IMS Health. A cet horizon, les Etats-Unis resteront le numéro un du secteur, avec 30 % d'un marché estimé à 1.058 millions de dollars (747 millions d'euros).

« Alors que la croissance du marché américain contribuait à hauteur de 27 % à la croissance mondiale sur la période 2005-2010, cette contribution va tomber à 11 % sur 2010-2015. Dans le même temps, la contribution de la Chine passera de 12 à 26 % », explique Robert Chu, directeur général d'IMS Health France. Les raisons de cette remontée dans le classement ? Le vieillissement accéléré de la population et la réforme du système de santé, qui vise à donner un accès aux soins à la totalité du 1,3 milliard d'habitants, contre 400 millions seulement aujourd'hui.

Evolution des prescriptions

Cette année, le marché mondial des médicaments devrait progresser de 4,8 %, à 918,6 milliards de dollars, mais la distinction est nette entre les pays matures, dont la croissance ne dépasse pas 5 %, et les économies émergentes, dont les progressions peuvent culminer à 20 % dans le cas de la Chine, ou bien ressortir « à deux chiffres », comme pour l'Inde (+ 15 %), la Russie (12 %) ou le Brésil (11 %).

Au sein même des pays matures, on observe des distinctions par catégories de produits. La progression des médicaments de spécialité sera par exemple supérieure aux produits dits « de ville », prescrits par les médecins généralistes. Les premiers doivent ainsi augmenter de 6 % par an d'ici à 2020, contre une hausse de 4 % pour les seconds. Un phénomène lié aux évolutions en matière de prescription. « L'an dernier, dans les officines françaises, les ventes de médicaments liées aux ordonnances établies par les généralistes ont baissé de 3 %, alors que celles provenant d'ordonnances de spécialistes libéraux ont augmenté de 2,5 % et celles émanant de praticiens hospitaliers de 7,9 % », détaille Claude Le Pen, consultant d'IMS.

Dans ce contexte, les produits les plus innovants, souvent issus des biotechnologies, font figure d'eldorado. « Innovation signifie industrialisation, mais ce n'est pas encore suffisant. L'innovation doit amener un progrès, bien sûr médical, mais aussi économique et/ou social », avertit Corinne Segalen, présidente d'IMS Health France. D'autant que les revenus n'égalent pas ceux des grands « blockbusters » de la pharmacie. Aucun produit de spécialité ne dépasse aujourd'hui la moitié des ventes de l'anticholestérol Lipitor (vendu sous la marque Tahor en France) de Pfizer, dont le chiffre d'affaires a atteint 12,6 milliards de dollars en 2010. Enbrel, le premier sur la liste des spécialités, a ainsi représenté « seulement » 6,1 milliards de ventes.

LAURENCE BOLLACK

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