Le Figaro, no. 20802 - Le Figaro Économie, lundi 20 juin 2011, p. 26
Les sociétés occidentales veulent être cotées sur la place asiatique même si les introductions de Samsonite et de Prada ont été décevantes.
Un cours de Bourse de Samsonite en chute de 8 % lors de sa première cotation. Une levée de fonds de Prada inférieure de 500 millions de dollars aux attentes de la griffe italienne. Les investisseurs ont rappelé, la semaine dernière, aux firmes occidentales venues se coter à Hongkong que, même aux portes de la Chine, les valeurs ne montent pas jusqu'au ciel. Pour autant, compte tenu de la nervosité actuelle des marchés mondiaux, cela reste une performance. « Depuis deux ans, la moitié des introductions en Bourse dans le monde ont été retirées ou ont vu leur fourchette de prix baisser », relativise Jean Beunardeau, directeur général délégué d'HSBC en France. Et de poursuivre : « Pour Hongkong, ce n'est en aucun cas la fin d'une mode. Les marchés asiatiques ont toujours été volatils, alternant les périodes d'optimisme et de correction. Mais il y a toujours les capitaux nécessaires pour repartir de l'avant car l'Asie connaît une croissance durable, solide, fondée sur des excédents. »
Depuis quelques mois, s'opère une sorte de ruée vers l'Est boursier des fleurons européens : le symbole le plus flagrant est Prada venu se coter à Hongkong plutôt qu'à Milan. Pas une semaine sans qu'une nouvelle rumeur - pas toujours confirmée - ne prête à tel ou tel grand nom un projet de « listing » sur la place chinoise. Un jour, l'enseigne de luxe britannique Burberry, le lendemain, le constructeur de motos italien Ducati. Et même le club de foot anglais Manchester United. BNP Paribas étudie, de son côté, une cotation secondaire à Hongkong. Tout cela s'ajoute au flux continu d'entreprises chinoises qui entrent sur le marché du Sud, comme la banque Everbright.
« Notre équipe de communication financière à Hongkong a travaillé sur 5 IPO la semaine dernière et en prépare 2 pour les deux semaines à venir », calcule Charles Fleming, partner chez Euro RSCG et directeur international de l'agence Porda Havas à Hongkong.
L'espoir d'une prime
Ce n'est pas un hasard si nombre de firmes pressenties sont des marques grand public (à côté des groupes de ressources naturelles comme le russe Rusal). Leur intérêt est de toucher ces centaines de millions de consommateurs potentiels, amateurs de grandes marques, tout en finançant leur développement dans la zone dans de bonnes conditions. Car à Hongkong, dans le cas d'une première cotation, les investisseurs sont prêts à payer une prime pour entrer à bord d'une belle affaire. Le spécialiste des cosmétiques et parfums L'Occitane, première entreprise française à entrer à la Bourse de Hongkong en mai 2010, avait reçu une demande 160 fois supérieure à l'offre ! « L'Occitane s'est introduite sur la base d'un multiple de 22,5 fois les bénéfices. Cela représentait une prime de 2 points par rapport aux grands comparables du secteur quand, normalement, une mise sur le marché subit une décote. Pour les actionnaires, cela représente un fort différentiel de valeur », souligne Jean Beunardeau, chez HSBC.
Vendredi, Prada a dû revoir ses ambitions à la baisse, avec une levée de fonds de 2,1 milliards de dollars contre les 2,6 milliards espérés. Mais la maison familiale italienne reste valorisée avec un multiple de résultat supérieur de 3 points à la moyenne de ses rivaux LVMH, Richemont et Hermès.
À noter cette particularité de la Bourse de Hongkong : les investisseurs n'y jurent que par le bénéfice et n'ont que faire des ratios de cash-flows et autres Ebitda chers aux Anglo-Saxons.
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