Les Echos, no. 20952 - International, mardi 14 juin 2011, p. 8La masse monétaire connaît sa plus faible progression en trente mois, mais l'inflation reste élevée. Et la Bourse de Shanghai broie du noir dans la crainte de nouvelles hausses de taux.Pas de doute : la machine économique chinoise est bien en train de ralentir. Une nouvelle statistique est venue le confirmer, hier : la masse monétaire M2 a connu, au mois de mai, sa plus faible progression depuis trente mois, tandis que les nouveaux crédits bancaires s'élevaient à 551 milliards de dollars, soit nettement moins que les 610 milliards anticipés par les marchés.
Ces chiffres ont certes quelque chose de positif. Ils confirment que le serrage de vis opéré depuis des mois par la banque centrale a fini par porter ses fruits. Mais la Bourse de Shanghai a bien du mal à s'en réjouir : hier, elle a de nouveau baissé (de 0,2 %) pour atteindre son plus bas niveau depuis le 25 janvier dernier, soit une chute de 12 % depuis le sommet du 18 avril.
L'explication de cette fébrilité tient aux incertitudes actuelles. Incertitude concernant l'économie mondiale, d'abord, mais également l'évolution de l'inflation en Chine, et donc la future politique de la Banque centrale. Car cette dernière a beau être parvenue à ralentir la circulation monétaire, la valse des étiquettes, elle, ne se calme pas. Le chiffre de mai, attendu aujourd'hui, risque d'atteindre un nouveau record (5,4 %). Et certains anticipent déjà une inflation à 6 % au mois de juin. Autrement dit, le crédit a beau croître moins vite, la Banque centrale risque de continuer à augmenter les taux. La croissance chinoise pourrait s'en ressentir.
Inquiétudes
Ces inquiétudes méritent peut-être d'être relativisées. C'est l'avis de Ken Peng, économiste chez Citigroup, qui estime que les marchés traversent actuellement « le pire moment, celui de l'obscurité totale juste avant l'aube ». Car la plupart des économistes s'attendent à ce que l'inflation, après juin ou juillet, reparte à la baisse.
Il n'en reste pas moins que l'équation est complexe à gérer pour Pékin au moment où l'on redécouvre que la stabilité de l'édifice social est précaire. Le nombre d'émeutes ou de révoltes est actuellement à la hausse, notamment dans le sud du pays. Le plus souvent elles éclosent à la suite de scandales de corruption impliquant des autorités locales, ou de violences de la police contre les populations migrantes. Entre l'écueil de l'inflation et celui du ralentissement économique, le pouvoir a plus que jamais besoin de trouver une troisième voie.
Gabriel Grésillon
PHOTO - A combination photo shows propaganda paintings of China's former Chairman Mao Zedong and China's Communist Party at the Mao Zedong's Badge Collection Museum near Weihai, Shandong province June 12, 2011. China's Communist Party will celebrate its 90th anniversary on July 1. Picture taken June 12, 2011.
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