L'Allemagne se donne dix ans pour sortir du nucléaire
VU DE PÉKIN : La Chine a lancé un audit de sûreté de ses installations nucléaires
La Chine concentre la grande majorité des projets de centrales nucléaires dans le monde. Elle entend ainsi résoudre une partie de ses problèmes de capacité énergétique et de pollution. Après l'accident de Fukushima, les autorités chinoises ont gelé une partie de leurs projets.
Après l'accident de Fukushima, les autorités chinoises ont décidé d'effectuer un audit de leurs centrales. Les résultats n'en sont pas encore connus. Engagée dans un colossal chantier nucléaire, la Chine veut se rassurer et rassurer le monde. Quatorze centrales fonctionnent actuellement, 27 sont en construction. Des dizaines d'autres sont en projet. Depuis le début de l'année, le pays a lancé 8 des 12 nouveaux chantiers mondiaux.
Avant la catastrophe japonaise, la Chine s'était fixé l'objectif d'obtenir une puissance de 90 gigawatts (GW) en 2020 avec l'énergie nucléaire (soit l'équivalent de 90 réacteurs de 1 000 mégawatts), 200 GW en 2030, 400 GW en 2040. Chaque province veut ses chantiers. La plupart des centrales existantes se situent sur les côtes, plusieurs des projets approuvés en 2010 se trouvent dans les provinces de l'intérieur, comme le Hunan, l'Anhui, ou le Hubei.
En 2008, à la suite du tremblement de terre au Sichuan, qui a fait plus de 80 000 morts, les médias chinois avaient soulevé la question de la construction de centrales en zone sismique. Quelques jours après l'accident de Fukushima, les autorités ont gelé les approbations de nouvelles centrales nucléaires. Le 28 mars, le gouvernement chinois a réduit sa cible de puissance installée à 80 gigawatts pour 2020.
La semaine prochaine, l'Agence pour l'énergie nucléaire (AEN), dont le siège est à Paris, devrait recevoir des responsables chinois pour évoquer l'audit de leurs centrales. Cet audit, comparable à celui entrepris en Europe, évalue la résistance des centrales aux événements extrêmes naturels - un feu, un tremblement de terre ou une inondation - et aux activités humaines comme le terrorisme. « La question est de savoir si les critères sélectionnés par l'ensemble des pays pour vérifier la résistance de leurs réacteurs sont suffisants. Cela peut être l'objet d'un débat », estime Serge Gaz, à l'AEN.
La Chine s'est lancée dans ce programme nucléaire pour trois raisons. Le nucléaire répond à la croissance exponentielle de ses besoins en énergie ; cette énergie a l'avantage de nécessiter peu d'approvisionnements extérieurs en matières premières ; et l'énergie nucléaire permet de réduire l'activité des centrales thermiques, première source de pollution. La part du nucléaire représente aujourd'hui moins de 2 % de la production d'électricité, et doit doubler d'ici à 2020.
Après Fukushima, le retour des questions de sûreté pourrait être favorable aux technologies nucléaires françaises et américaines. « Les Chinois peuvent être tentés d'acheter des technologies modernes, comme l'EPR d'Areva ou l'AP 1000 de Westinghouse, plutôt que d'avoir recours à sa technologie "maison", essentiellement inspirée du modèle français exporté dans les années 1980 », résume Serge Gaz. L'EPR bénéficie d'un système de confinement du coeur qui évite un relâchement à l'extérieur de la centrale. L'AP 1000 développe le concept de « sûreté passive », qui inclue un système de refroidissement automatique censé éviter une catastrophe de type Fukushima.
Un appel du président de la conférence des évêques de Corée du Sud
Dans un article à paraître en juillet, le président de la Conférence des évêques de Corée du Sud, Mgr Peter Kang U-il, évêque de Cheju, demande aux citoyens de prêter une attention particulière aux centrales nucléaires, qui peuvent être à l'origine de désastres majeurs. Il inclue dans les risques à prendre en compte le stockage des déchets radioactifs. Il s'était rendu à la mi-mai dans le diocèse de Sendai, pour marquer sa solidarité avec les populations japonaises touchées par la catastrophe de Fukushima.
PHOTO - Members from the environmental protection group Greenpeace dressed in hazard gear protest outside the Environmental Protection Department in Hong Kong on June 28, 2010. The group were protesting against nuclear power after a radioactive leak occured at Daya Bay nuclear plant in Southern China on May 23.
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