Les Echos, no. 21006 - Marchés, mercredi 31 août 2011, p. 25
L'étau se resserre autour des sociétés chinoises cotées sur les Bourses nord-américaines. Les soupçons portés sur la comptabilité présentée par certaines d'entre elles semblent plus fondés que jamais. Rien ne va plus, notamment, pour Sino-Forest, un groupe forestier chinois coté à Toronto. Vendredi, le régulateur dont il dépend, l'Ontario Securities Commission (OSC), a déclaré que les dirigeants du groupe « semblent avoir manqué de transparence sur une partie du résultat de la société et/ou exagéré la valeur de son stock de bois ». L'OSC a suspendu la cotation de Sino-Forest. Les titres avaient perdu 67 % de leur valeur depuis le début de la tourmente, le 2 juin dernier. Dimanche, le président de Sino-Forest, Allen Chan, a annoncé sa démission et trois employés ont été suspendus. Prenant acte de ce regain de défiance, Standard & Poor's a revu à la baisse sa note de Sino-Forest, pour la passer à CCC-, contre B auparavant. Devant « la probabilité accrue que les allégations de fraude soient confirmées », elle a annoncé qu'elle cesserait désormais de noter Sino-Forest.
Aux Etats-Unis, c'est Longtop, un groupe chinois de logiciels, qui est aujourd'hui dans le collimateur. La société, cotée à New York, estmise en cause par la Securities & Exchange Commission (SEC), qui envisage d'intenter une action légale contre Longtop. Une suspension de cotation semble envisagée. Là aussi, les chiffres présentés au public auraient été manipulés ces trois dernières années. Mais ce n'est que le 23 mai dernier, lorsque le cabinet d'audit Deloitte Touche Tohmatsu a subitement rompu son contrat avec Longtop, que les investisseurs ont commencé à s'inquiéter.
Des deux côtés du Pacifique, ces scandales embarrassent. Côté américain, difficile de ne pas s'étonner de la facilité avec laquelle les fraudeurs sont passés au travers des mailles du filet. Presque tous ont acquis des sociétés cotées sur le sol américain, coquilles vides qui leur ont permis de se coter eux-mêmes via un processus simplifié. En Chine, on redoute que la crédibilité des groupes chinois ne soit durablement pénalisée, dans un pays peu réputé pour la puissance de ses contre-pouvoirs.
GABRIEL GRESILLON
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