Le Figaro, no. 20844 - Le Figaro Économie, lundi 8 août 2011, p. 21C'est un signe de l'inexorable montée en puissance de l'économie chinoise. Alors que les Occidentaux ou le Japon se sont exprimés avec modération, Pékin ne s'est pas privé de réagir avec force suite à la dégradation de la note de la dette américaine par Standard & Poor's. « Les jours où le criblé de dettes Oncle Sam pouvait gaspiller à tout loisir des emprunts contractés à l'étranger sans limite paraissent compter », tançait samedi un éditorialiste de l'agence de presse gouvernementale Xinhua. La République populaire appelle, par média interposé, les États-Unis à vivre dans la limite de leurs moyens.
Premier créancier étranger des États-Unis, la Chine reste très attentive à la dette américaine dont elle détenait fin avril 1 150 milliards de dollars. Si elle ne publie pas les détails de ses réserves de change, les économistes estiment que celles-ci sont constituées à 70 % d'actifs en dollars. Pékin « est en droit d'exiger des États-Unis de résoudre son problème structurel de dette pour assurer la sécurité de ses actifs en dollars », souligne l'éditorial de Xinhua.
Le ministère des Finances et la banque centrale restent de leurs côtés, diplomatie oblige, plus mesurés. En fin de semaine dernière, les deux institutions appelaient respectivement à « assurer le développement stable de l'économie mondiale » et à « des actions politiques concrètes et responsables ».
Pour Pékin, le vote du Congrès pour relever le plafond de la dette mercredi dernier n'a rien réglé. Le problème est plus profond, il s'agit de « soigner la dépendance vis-à-vis de la dette » des États-Unis. « S'il est appliqué à la lettre », commente Xinhua, le plan signé par Barack Obama ne permettra d'économiser « qu'un peu plus de la moitié de ce qu'il faudrait » pour stabiliser le taux d'endettement par rapport à l'ensemble de l'économie à un niveau raisonnable.
Mercredi dernier, l'agence de notation chinoise Dagong, toujours prompte à sanctionner Washington, avait déjà dégradé la note de la dette américaine, après une première dégradation en novembre dernier. Cette fois, elle estime que la capacité des États-Unis à honorer leur dette décline de façon « irréversible ».
Crise politique
Ironie du sort, les commentateurs chinois ne manquent pas de souligner le caractère politique de la crise outre-Atlantique. « La dégradation est le résultat de luttes entre les partis politiques américains au sujet de la dette, qui reflètent l'incapacité du gouvernement à résoudre totalement ce problème », expliquait Dagong la semaine dernière.
Et même si les achats chinois de dollars devaient se poursuivre, la Chine s'efforce, ces derniers mois, de diversifier son portefeuille en se portant acquéreur de la dette de certains pays européens, à l'instar de la Grèce, du Portugal ou encore de la Hongrie.
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