Le Point, no. 2032 - Monde, jeudi 25 août 2011, p. 48,49,50,51,52,53
Révélations. Une enquête inédite montre comment un terroriste a profité de la guerre CIA-FBI.
Comment le 11 septembre 2001 a-t-il pu avoir lieu ? Comment l'attentat, sinon le plus meurtrier, du moins le plus barbare, que le terrorisme islamiste et son fer de lance Al-Qaeda ait organisé contre ces deux tours, orgueilleux symboles de la puissance américaine, n'a-t-il pu être empêché par un des systèmes de renseignement les plus sophistiqués du monde ? L'explication a son origine trente-deux ans plus tôt. Le 27 décembre 1979, l'Armée rouge envahit l'Afghanistan. Dès lors, en pleine guerre froide, l'Amérique va prendre deux partis successifs, armer et parfois entraîner les Afghans d'abord, puis des combattants islamistes, des moudjahidine, comme on les appelle, venus du monde entier pour combattre l'ennemi soviétique.
Dix ans plus tard, l'Armée rouge est contrainte à une retraite piteuse. Les combattants islamistes ont gagné mais ne déposent pas les armes. Pis, ils se servent de celles qui leur ont été fournies à l'appel des plus fanatisés d'entre eux contre les Occidentaux qui les ont aidés depuis le début des années 80. Cette trahison, les Américains, et en particulier la CIA, ont mis des années à l'admettre, continuant à garder le contact, à soutenir et à aider des islamistes qui n'avaient qu'une idée en tête : tuer le plus grand nombre possible d'Américains. Et qui y sont parvenus en septembre 2001.
Cet aveuglement américain est la trame du livre de Fabrizio Calvi « Contre-enquête sur le 11 Septembre » (Fayard). Nous publions ici l'incroyable histoire de l'une de ces taupes islamistes.
EXTRAITS
Au lendemain des attaques du 11 septembre 2001, dans une prison de haute sécurité, quelque part aux Etats-Unis, deux hommes en interrogent un troisième. Le premier, Jack Cloonan, est un agent du FBI, le deuxième un officier des Forces spéciales américaines. Il est en uniforme, son pays est en guerre. En face d'eux, un grand gaillard de près de 1,90 mètre vêtu du survêtement orange des détenus. Cet homme est dangereux. Des fers et des chaînes entravent ses poignets et ses pieds. Il s'appelle Ali Mohamed. Il est le détenteur de certains des secrets les plus terribles d'Al-Qaeda, organisation qu'il a servie fidèlement pendant plus de dix ans.
- Dites-moi, demande Jack Cloonan, comment ont-ils fait pour détourner les avions et les précipiter contre les Tours jumelles ?
Ali Mohamed n'a rien perdu de sa superbe. Le regard illuminé, il raconte le détournement des avions comme s'il l'avait vécu. Il explique de quelles armes les pirates de l'air se sont servis, comment ils les ont introduites dans les appareils, quelles places stratégiques ils ont occupées, se répartissant entre la première classe (accès facile au cockpit) et la classe économique (contrôle des passagers et de l'équipage). Jack Cloonan a l'impression de vivre le détournement de l'intérieur.
Ali Mohamed n'a pourtant pas pu connaître la date et le déroulé exact de l'opération, il est depuis longtemps emprisonné à l'isolement. Mais l'agent du FBI sait qu'Ali Mohamed parle en connaissance de cause : c'est lui qui a mis au point la procédure d'attaque.
Ali Mohamed est l'Aventurier avec un grand A de la terreur islamiste. Il en est aussi la taupe la plus redoutable. Il a été tour à tour lieutenant-colonel dans l'armée égyptienne, sergent instructeur des Bérets verts américains, agent infiltré de la CIA, informateur du FBI, mais aussi garde du corps d'Oussama Ben Laden, instructeur militaire des principaux responsables d'Al-Qaeda et, enfin, architecte des attentats les plus terribles de la fin du siècle dernier.
Ali Mohamed intègre les Forces spéciales égyptiennes au début des années 70. Son don pour les langues lui vaut d'être envoyé souvent en mission à l'étranger. Il participe à des opérations de commando, à diverses missions clandestines contre la Libye du colonel Kadhafi. A l'automne 1981, le lieutenant-colonel Ali Mohamed est désigné pour aller suivre un stage à l'école de formation de troupes d'élites la plus prestigieuse de la planète, Fort Bragg, en Caroline du Nord. Il ne fait nullement mystère de ses sentiments hostiles aux accords de Camp David et au président Anouar al-Sadate, qu'il qualifie de traître à la cause arabe, et dont il clame haut et fort qu'il convient de l'assassiner toutes affaires cessantes. Des militaires américains l'entendent, mais ne saisissent pas qu'il faut prendre ses propos à la lettre. Rentré des Etats-Unis peu après l'assassinat de Sadate, Ali Mohamed ne cache pas plus ses convictions. Or, le président Hosni Moubarak a entrepris de purger l'armée égyptienne de ses éléments les plus intégristes. Ali Mohamed est donc renvoyé de l'armée. Mais il ne va pas rester inoccupé très longtemps. Ayman al-Zawahiri, le responsable du groupe Djihad islamique égyptien, l'homme qui pendant le procès des assassins de Sadate va jeter l'anathème contre l'Occident, lui confie une tâche à long terme : pénétrer le système de renseignement américain.
Cela tombe bien, la CIA cherche des volontaires, de préférence d'origine arabe, pour infiltrer un nouvel ennemi, le Hezbollah libanais. Un candidat se présente à la station de la CIA du Caire : le lieutenantcolonel égyptien Ali Mohamed. Sa candidature est retenue. Sans vérification très poussée.
Ali Mohamed est envoyé à Hambourg, plaque tournante de tous les trafics. Ses mosquées attirent les extrémistes. La cible d'Ali Mohamed est un imam iranien. Or, brusquement, quelques jours plus tard, la CIA met fin à l'opération d'infiltration. L'Agence a pour habitude de ne commenter ni ses triomphes ni ses échecs. Il semble que, en vraie taupe, peu après son arrivée dans la mosquée, Ali Mohamed ait raconté à l'imam qu'il travaillait pour la CIA. Pas de chance, la CIA, qui manipulait un autre infiltré à l'intérieur de la mosquée, apprend ainsi la trahison d'Ali Mohamed.
La CIA aurait alors placé le lieutenant-colonel sur sa liste noire. Il figure aussi sur la liste établie par le département d'Etat des étrangers soupçonnés de collusion avec des groupes terroristes. On pourrait dès lors supposer qu'il va éprouver certaines difficultés à obtenir un visa d'entrée aux Etats-Unis. Il n'en est rien. Le 6 septembre 1985, Ali Mohamed embarque à l'aéroport d'Athènes à bord d'un vol de la TWA à destination de New York. Il voyage sous son vrai nom, avec toutes les autorisations nécessaires.
Arrivé aux Etats-Unis, Ali Mohamed ne perd pas de vue l'objectif fixé par Al-Zawahiri : pénétrer l'appareil secret de l'ennemi. Pour y arriver, il doit être naturalisé américain. Son mariage avec Linda Sanchez, une infirmière de Santa Clara, rencontrée dans l'avion, va l'y aider. Il prend des cours d'anglais, apprend par coeur la Constitution américaine. Son certificat de nationalité en poche, il se présente au bureau de recrutement de l'armée américaine, à Oakland. Il est recruté en tant qu'étranger résidant aux Etats-Unis.
A 34 ans, l'ancien lieutenant-colonel des Forces spéciales égyptiennes, placé sur la liste des terroristes les plus recherchés, repart donc de zéro en tant que simple soldat de l'US Army. Au mieux de sa forme, il en remontre aux autres recrues avec qui il s'entraîne dans l'enceinte de Fort Jackson, en Caroline du Sud. Athlète complet, tireur d'élite sachant manier à la perfection le M-16, parachutiste décoré, il sort rapidement du rang. En un temps record, Ali Mohamed obtient le grade de sergent et se voit muté à Fort Bragg, en Caroline du Nord, au 5e groupe des Forces spéciales aéroportées. Un double miracle qui laisse à penser que la taupe du Djihad islamique a pu bénéficier d'une intervention occulte.
Avec ses quarante mille soldats et ses huit mille civils, Fort Bragg est la plus grande base d'entraînement de commandos au monde. Le colonel Norvell Tex DeAtkine, responsable de la section Moyen-Orient, tombe sous le charme de cet Egyptien qui s'exprime clairement et connaît parfaitement son sujet. Il fait d'Ali Mohamed son assistant et le charge d'organiser des conférences sur l'islam.
Une mission idéale pour la taupe d'Ayman al-Zawahiri, qui lui permet de se procurer les noms des membres de tous les commandos américains déployés au Moyen-Orient. Accessoirement, il se familiarise avec les techniques d'entraînement de pointe de l'armée et obtient un accès à des informations stratégiques. Personne ne se méfie quand Ali Mohamed rôde autour des cartes d'état-major pour en extraire celles d'Afghanistan, qu'il sort discrètement de la base pour les copier dans une boutique voisine. Un officier de l'armée américaine lâche : « Ali Mohamed à Fort Bragg, c'est Jack l'Eventreur enseignant au collège de chirurgie de Londres. »
Comme tous les islamistes de la planète, Ali Mohamed a en effet les yeux rivés sur la ligne bleue des montagnes afghanes, où la guerre fait rage contre les Soviétiques et suscite des vocations de combattants chez les jeunes musulmans vivant aux Etats-Unis. C'est ainsi que le sergent instructeur des Bérets verts va faire des heures supplémentaires en dehors de son service et entraîne dans des endroits discrets les civils musulmans qui veulent aller se battre en Afghanistan. Parmi les cours les plus appréciés, celui qui est consacré à la fabrication d'engins explosifs. Au début, Ali Mohamed leur apprend à reconnaître les chars soviétiques et à distinguer les types d'armes en dotation au sein de l'Armée rouge. Mais bientôt il passe au matériel militaire américain. En haut lieu, quelqu'un autorise ces séances d'entraînement. Qui ? La CIA ? L'armée américaine ? Pour l'avocat new-yorkais Roger Stavis, Ali Mohamed opère dans le cadre de l'aide clandestine américaine aux moudjahidine afghans. La CIA n'a pas compris que la première cellule d'Al-Qaeda aux Etats-Unis vient de voir le jour. Elle comptabilisera à son actif l'assassinat du rabbin israélien Meir Kahane et la première attaque contre le World Trade Center en 1993.
Fin 1989, Ali Mohamed quitte l'armée américaine. Il se rend alors régulièrement en Afghanistan et au Pakistan. Sa tâche ? former les recrues d'Al-Qaeda. A nouveau, il se sert pour cela de toutes les techniques apprises lors de son passage à Fort Bragg. Certains des élèves d'Ali Mohamed ne sont pas comme les autres. Ce sont les dirigeants d'Al-Qaeda. Il les forme aux problèmes de sécurité. Il leur apprend les techniques de surveillance et de contre-surveillance, comment assassiner, kidnapper, chiffrer des messages et les meilleures manières d'infiltrer l'ennemi. Par la suite, Ali Mohamed reconnaîtra : « J'ai appris à mes élèves à créer des cellules et des structures opérationnellles. » Ses élèves ? Ils ont pour nom Abou Ubaidah al-Banshiri, le premier commandant militaire d'Al-Qaeda, son second Mohammed Atef, mais aussi et surtout Oussama Ben Laden. A la fin 1992, celui-ci lui donne une mission de confiance : organiser son déménagement et celui des responsables et des combattants d'Al-Qaeda au Soudan.
Une surprise attend Ali Mohamed à son retour aux Etats-Unis. Il est convoqué par le bureau du FBI de San Francisco pour être entendu sur ses voyages. En guise d'explications, il propose ses services. L'offre tombe à point. Le bureau de San Francisco cherche un infiltré dans le cadre d'une enquête sur un trafic de faux papiers dans les mosquées de la région. L'agent qui le recrute est frais émoulu de l'école de Quantico. Il ne prend pas la peine de soumettre Ali Mohamed au détecteur de mensonges comme il l'aurait dû. Ali Mohamed se joue du FBI. Il est censé être manipulé par son agent traitant. C'est le contraire qui se produit. L'informateur prend la main sur l'agent du FBI.
Ali Mohamed, au cours de ces années-là, se rend régulièrement en Europe et en Afrique. A Nairobi, il crée Help Africa, une ONG chargée de combattre la malaria en distribuant des produits insecticides. Le FBI s'est vite aperçu que cette organisation sert de couverture pour acheminer des fonds et fournir des faux papiers aux hommes d'Al-Qaeda. Mais les Américains, curieusement, laissent faire.
En octobre 1994, Mohammed Atef, un des responsables militaires de l'organisation, arrive à Nairobi avec de terribles instructions. L'Armée rouge est partie d'Afghanistan, Oussama Ben Laden charge la cellule de Nairobi de porter les premiers coups contre les Occidentaux, coupables depuis la première guerre du Golfe de maintenir une présence militaire en terre arabe. Mohammed Atef délègue à Ali Mohamed une étude de faisabilité concernant la destruction d'un certain nombre d'objectifs comme les ambassades américaine, britannique, française et israélienne au Kenya.
Ali Mohamed dresse les plans des objectifs avec la minutie d'un architecte. Un travail de professionnel pour les agents du FBI, qui en prendront la mesure des années plus tard. Son repérage terminé, Ali Mohamed se rend au Soudan pour présenter le résultat de ses travaux à Ben Laden. Il lui remet son rapport. Il a choisi pour cible l'ambassade américaine de Nairobi. Ali Mohamed montre à Ben Laden les cartes, les plans et les photos et lui explique la meilleure manière de procéder. Elle est simple : après avoir forcé la grille qui permet d'accéder au parking à bord d'un véhicule bourré d'explosifs, un kamikaze doit se faire sauter à l'entrée de l'ambassade. Ben Laden regarde les photos, examine les plans puis lance : « Alors c'est ce qu'on fera. »
En 1995, le numéro deux d'Al-Qaeda, le Dr Ayman al-Zawahiri, charge Ali Mohamed d'organiser une tournée des mosquées américaines pour collecter des fonds. Ayman al-Zawahiri est depuis peu l'ennemi public numéro un sur le territoire égyptien. Sa tête est mise à prix et l'Egypte a émis contre lui un mandat d'arrêt international. A partir de la Suisse, où il dispose d'une base, Ayman al-Zawahiri parvient tout de même à entrer aux Etats-Unis sous une fausse identité.
La communauté musulmane de San José lui réserve un triomphe qui se répète auprès des dirigeants de la mosquée Al-Noor de Santa Clara. La tournée se poursuit en Californie du Nord, puis au Texas, avant de finir à New York. Les dons affluent. Ils vont financer des opérations terroristes, dont le sanglant attentat contre l'ambassade d'Egypte au Pakistan, qui tuera dix-sept diplomates le 19 novembre 1995.
Patrick Fitzgerald, qui vient d'être nommé procureur fédéral du district sud de New York, chargé des problèmes de sécurité nationale, prend conscience des agissements de l'agent trouble Ali Mohamed. Il pourrait lancer un mandat d'arrêt, mais les charges contre l'ancien sergent instructeur des Bérets verts sont encore minces. Le procureur fédéral prend une autre décision : il l'invite à dîner.
Fin octobre 1997, donc quatre ans avant le 11 septembre, Patrick Fitzgerald et l'agent du FBI Jack Cloonan prennent place dans le salon d'un restaurant de Sacramento. C'est un Ali Mohamed tendu qui s'assoit à leur table. « Nous voulions amener Ali Mohamed à coopérer avec nous, m'explique Cloonan. Nous savions qu'il était proche d'Al-Qaeda et nous espérions l'amener à infiltrer l'organisation pour notre compte. »
- Connaissez-vous Ben Laden ? demande Fitzgerald.
- Bien sûr. J'ai assuré le déménagement de Ben Laden de l'Afghanistan au Soudan via le Pakistan en 1992.
- Quand l'avez-vous vu pour la dernière fois ? demande Patrick Fitzgerald.
- En 1994. J'ai assuré sa sécurité quand un commando mené par un Libyen a tenté de l'assassiner à Khartoum. J'ai même entraîné ses gardes du corps avec la bénédiction du Moukhabarat soudanais. Sur sa lancée, Ali Mohamed affirme qu'Al-Qaeda a implanté aux Etats-Unis des « centaines » d'agents dormants. Au-dessus de tout soupçon, ces hommes qui ne fréquentent pas les lieux de prière et qui n'affichent pas de signes vestimentaires ostentatoires de leur foi sont résolus à passer à l'action quand leur chef le leur ordonnera.
Et Ali Mohamed de conclure :
- Je peux disparaître quand je veux et vous ne me trouverez jamais. Je dispose d'un réseau sur tous les Etats-Unis.
A la sortie du restaurant, une fois que leur interlocuteur a disparu dans la nuit, le procureur dit à l'agent du FBI :
- C'est l'homme le plus dangereux que j'aie jamais rencontré.
Le 7 août 1998, Al-Qaeda attaque les ambassades américaines de Nairobi et de Dar es Salam, causant 247 morts et 5 000 blessés. Les attaques se sont déroulées de la manière établie par Ali Mohamed. Quelques heures après les attentats, le FBI essaie en vain de le contacter. Au bout de deux jours, celui-ci finit par répondre au téléphone. Il est en grande forme et continue à prendre les agents du FBI pour des imbéciles. Il parle de son séjour au Kenya en 1994. L'agent enregistre soigneusement la conversation. Ali Mohamed reconnaît avoir vu à Nairobi les plans d'attaque de l'ambassade. Il affirme connaître l'identité de la personne qui a dressé les plans mais se refuse à la dévoiler. Et pour cause : c'est lui. Ali Mohamed est arrêté par des fédéraux à la fin du mois d'août 1998. Avant de les suivre, il demande à aller aux toilettes. Les agents ne se méfient pas et le laissent faire. Enfermé dans la salle de bains de sa chambre, il sort de sa poche un carnet d'adresses, en arrache une page qu'il déchire et jette dans les toilettes avant de tirer la chasse d'eau. Les agents du FBI, comprenant qu'il se passe quelque chose de louche, enfoncent la porte et le trouvent en train de parcourir le carnet dont il compte détruire d'autres pages compromettantes. Ils passent les menottes à Ali Mohamed, mais le mal est fait : la taupe d'Al-Qaeda a eu le temps de détruire l'adresse du refuge d'Al-Zawahiri, le numéro deux de l'organisation, à Berne, en Suisse.
Le 20 octobre 2000, dans une salle du tribunal fédéral du bout de l'île de Manhattan, le sergent de l'armée américaine Ali Abdel Saoud Mohamed, dit Abou Omar, dit Al-Amriki (l'Américain), dit Ali Mohamed, fait face au juge fédéral Leonard B. Sand. Une comparution historique qui marque la fin d'une formidable partie de cache-cache de quatorze ans avec la CIA et le FBI. La procédure dans laquelle il est englué vise à déterminer le rôle de Ben Laden et de certains de ses hommes dans de sanglantes attaques contre les intérêts américains dans la Corne de l'Afrique. Le parquet fédéral accepte qu'Ali Mohamed plaide coupable lors d'une audition tenue à la sauvette.
Détenu sans être formellement condamné, Ali Mohamed a été englouti dans le trou noir de la guerre antiterroriste mondiale qui éclate au lendemain des attaques du 11 Septembre. Le juge Sand s'était donné neuf mois pour rendre son verdict... Depuis ? Plus rien.
En 2011, Ali Mohamed est récompensé de sa « collaboration » par un transfert dans une prison dite de « sécurité minimale ». Il a été épargné par la justice américaine, qui n'a toujours pas prononcé de condamnation. Il a gagné en importance lorsque son supérieur, le Dr Ayman al-Zawahiri, est devenu le numéro un d'Al-Qaeda après l'exécution de Ben Laden par les forces spéciales américaines. Ali Mohamed est en effet un de ceux qui connaissent le mieux le nouveau maître d'Al-Qaeda.
Le 11 septembre 2001 en chiffres
. 4 avions détournés par 19 djihadistes
. 17 400 personnes présentes dans les tours du World Trade Center
. environ 3 000 victimes, dont 60 policiers et 343 pompiers
. plus de 6 000 blessés
. 48 immeubles endommagés autour des Twin Towers
. 1,8 million de tonnes de débris enlevés
. 24,1 milliards de dollars : coût des destructions
. 4,3 milliards de dollars : fonds de compensation prévu pour les personnes blessées.
Théorie du complot
Em. G.
Contre toute vraisemblance, certains continuent de contester la responsabilité de Ben Laden dans le 11 Septembre. Une controverse initiée par le 9/11 Truth Movement . Pour les uns, il s'agit d'un «complot intérieur » manigancé par la Maison-Blanche. Averti, le gouvernement n'a pas agi pour en tirer des bénéfices politiques et économiques. Pour d'autres, l'administration américaine a participé aux attentats, afin de justifier ses interventions en Afghanistan puis en Irak.
Arte : New York for ever
Les 31 août et 7 septembre, Arte diffusera deux émissions intitulées « Les routes de la terreur ». Réalisés par Jean- Christophe Klotz et Fabrizio Calvi, ces films mêlant documents et interviews racontent comment l'attentat qui a frappé le coeur de l'Amérique s'est préparé en son sein, quasi au vu et au su de ses polices. C'est à partir de cette enquête que Fabrizio Calvi a écrit le livre dont nous publions les bonnes feuilles. « Les routes de la terreur », Arte, 31 août et 7 septembre à 20 h 40.
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