La Tribune (France), no. 4792 - Économie | International, mercredi 24 août 2011, p. 4
Soutenus par la demande intérieure, les pays asiatiques subissent peu les conséquences de la crise en Europe et aux États-Unis.
La croissance économique en Asie est robuste et suffisamment résistante pour affronter un ralentissement dans les pays développés ". Pour Changyong Rhee, l'économiste en chef de la Banque asiatique de développement (BAsD), l'abaissement des perspectives de croissance en Europe et aux États-Unis, lié à la crise de la dette, ne devrait pas menacer de manière importante les économies asiatiques. Pourtant, la baisse de la demande extérieure en Occident a pesé sur les exportations des pays d'Asie du Sud-Est, plus exposés aux secousses de l'économie mondiale en raison de leur rôle d'atelier industriel. Ainsi, la croissance des exportations thaïlandaises, taïwanaises ou malaisiennes a fortement ralenti au premier semestre. Les exportations des Philippines, qui avaient augmenté de 34,5 % en moyenne en 2010, ont même chuté de 10,2 % en juin 2010... Autre élément déstabilisant : le séisme et le tsunami au Japon ont fortement perturbé l'appareil de production est-asiatique. Mais leur impact reste à relativiser. Le PIB de la Thaïlande, très touché par le ralentissement de l'industrie nipponne, a tout de même augmenté de 2,6 % au deuxième trimestre.
Malgré leur révision à la baisse, les perspectives de croissance pour 2011 ont toujours de quoi faire rêver les pays occidentaux. Le PIB de la Chine devrait croître de 9,6 % en 2011 puis de 9,2 % en 2012 (contre 10,3 % en 2010), et celui des pays d'Asie du Sud-Est de 5,5 % cette année et de 5,7 % en 2012 (après 7,9 % l'an dernier). Un ralentissement relatif qu'il ne faut pas confondre avec un coup d'arrêt, selon un rapport du FMI daté de juillet. "Après des sommets en 2010, la croissance revient à des taux plus soutenables. La croissance des exportations, très rapide l'an dernier, devrait se modérer tout en restant robuste, car l'accroissement des échanges intrarégionaux compense en partie la faiblesse de la demande des pays avancés ".
Face à des risques
Stéphanie Prat, économiste chargée de l'Asie chez Natixis, affiche aussi sa confiance dans les fondamentaux de l'économie asiatique. " L'impact du ralentissement de la croissance aux États-Unis et en Europe sera réel mais marginal en Asie, car la croissance dépend de plus en plus de la demande intérieure. L'émergence d'une classe moyenne qui a besoin de s'équiper et qui consomme beaucoup malgré l'inflation, garantit la croissance, surtout en Chine ", note l'économiste. Incontestable moteur de la croissance asiatique, Pékin se pose en garde-fou face au ralentissement mondial. Mais le pays fait aussi face à des risques. Le gouvernement peine à juguler l'inflation, qui a augmenté de 5,4 % au premier semestre en glissement annuel et menace la consommation... et donc la croissance.
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