vendredi 26 août 2011

Le goût des Chinois pour le whisky fait bondir les profits de Diageo

La Tribune (France), no. 4794 - Industrie & services, vendredi 26 août 2011, p. 7

Le groupe compense ses pertes du groupe en Europe grâce aux pays émergents. Il souhaite acquérir Moët-Hennessy, mais Bernard Arnault ne serait pas vendeur.

Heureusement que les Chinois boivent de plus en plus de scotch de bonne qualité. C'est grâce à eux - et au reste des pays émergents - que Diageo, le numéro 1 mondial des boissons alcoolisées, a présenté ce jeudi des résultats 2010/2011 (année fiscale de juillet à juin) en solide croissance. Le chiffre d'affaires du groupe progresse de seulement 2 % (à 11,2 milliards d'euros), mais le bénéfice net augmente de 15 % (à 2,3 milliards d'euros). Il s'agit avant tout d'une histoire à deux vitesses. En Europe, les bénéfices opérationnels du groupe britannique - qui possède la bière Guinness, la vodka Smirnoff, les whiskies J&B et Johnnie Walker, la liqueur Baileys - sont en baisse de 7 %. Les ventes en Grèce et en Espagne en particulier se sont effondrées (elles sont cependant en hausse de 4 % en France).

Plus de marges

Inversement, en Asie-Pacifique, les bénéfices opérationnels sont en hausse de 19 %. Non seulement les pays émergents consomment de plus en plus, mais ils passent désormais à des alcools plus haut de gamme, à la marge bénéficiaire supérieure.

Une anecdote symbolise le transfert du centre de gravité vers l'Asie. L'équipe marketing en charge des marques " super-premium " (prix 40 % supérieur à la moyenne de la catégorie) vient de déménager d'Amsterdam à Singapour. " C'est en Asie que sont nos perspectives les plus prometteuses pour ce marché ", confie Gilbert Costine, le président Asie-Pacifique de Diageo. C'est pour les nouvelles classes moyennes des pays émergents que sont imaginés des produits " super-premium " comme " Johnnie Walker Double Black " ou la vodka Cîroc à la noix de coco

Dans la même logique, Diageo continue une stratégie d'acquisitions dans les pays émergents. Le groupe en a réalisé récemment au Vietnam, en Turquie et en Chine. Cela devrait continuer : " je m'attends à ce que d'autres deals de ce genre se présentent ", affirme Paul Walsh, le directeur général du groupe. Tout cela devrait permettre aux marchés émergents de représenter 50 % des ventes de Diageo d'ici quatre ans, contre 40 % aujourd'hui.

Croissance externe

Diageo vise par ailleurs deux acquisitions : la tequila José Cuervo, et les vins et champagnes Moët-Hennessy. Mais dans les deux cas, cela dépend de la volonté du propriétaire : Juan Beckmann Vidal, le Mexicain héritier d'un côté et le milliardaire français Bernard Arnault de l'autre. Diageo a déjà 34 % dans Moët-Hennessy, mais souhaiterait en acquérir la totalité. " Mais je ne crois pas que Bernard Arnault soit vendeur actuellement ", explique Gilbert Costine.

Par Éric Albert, à Londres

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