jeudi 4 août 2011

Le gouvernement japonais s'inquiète des visées " dominatrices " de la Chine

Le Monde - International, jeudi 4 août 2011, p. 5

L'édition 2011 du Livre blanc japonais sur la défense illustre les tensions accrues entre l'Archipel et ses voisins. Dévoilé mardi 2 août, après validation du gouvernement, il salue l'opération Tomodachi (" ami ") menée avec les troupes américaines dans les zones dévastées par la catastrophe du 11 mars et l'attachement du personnel politique japonais à l'alliance militaire avec Washington. Mais le Livre blanc se concentre surtout sur les menaces qui pèsent sur le Japon.

Un chapitre est pour la première fois consacré à la situation en mer de Chine méridionale autour de différents territoires comme les îles Spratleys, revendiquées par plusieurs pays, dont la Chine, et qui sont au coeur de multiples incidents entre ce pays, les Philippines et le Vietnam.

Le différend sino-japonais autour des îles de la mer de Chine orientale, appelées Senkaku au Japon et Diaoyu en Chine, est mentionné, ainsi que la crainte de voir se multiplier les opérations maritimes chinoises dans les eaux entourant le Japon. A ce sujet, Tokyo s'inquiète des " orientations futures " de la politique chinoise.

Les auteurs du Livre blanc qualifient le comportement de Pékin sur toutes ces questions de " dominateur ". Ils signalent la possibilité d'une coopération accrue avec les Etats-Unis, la Corée du Sud et les pays de l'Association du Sud-Est asiatique (Asean) pour résister à la pression chinoise.

Opacité du budget militaire

A cette rhétorique relativement ferme, tempérée au moment de l'annonce du Livre blanc par le ministre de la défense, Toshimi Kitazawa, pour qui " elle est un moyen d'exprimer notre espoir de voir la Chine s'attaquer à ces problèmes au travers de relations amicales ", s'ajoutent les inquiétudes récurrentes du Japon sur l'opacité des dépenses militaires chinoises. Le budget de 583,6 milliards de yuans (64 milliards d'euros) pour l'exercice 2011, en hausse de 12,4 %, n'est considéré par le Japon que comme " une partie des dépenses militaires réelles ".

Outre la Chine, le document s'attarde sur la Corée du Nord, dont les intentions militaires restent " difficiles à cerner " en raison de " la nature secrète du régime ". Il signale le développement d'un missile balistique à moyenne portée, le Musudan, capable d'atteindre l'île de Guam, où les Etats-Unis disposent d'importantes capacités militaires. Les activités d'enrichissement d'uranium de Pyongyang sont également mentionnées.

Le Livre blanc évoque aussi la question de la souveraineté sur les territoires disputés avec ses voisins sud-coréen et russe. Le document qualifie de " territoires japonais " les îlots Takeshima, revendiqués par la Corée du Sud où ils sont appelés Dokdo, et les Territoires du Nord, sous domination russe sous le nom de Kouriles du Sud.

L'assertion sur Dokdo-Takeshima intervient alors que la tension entre Tokyo et Séoul à propos de ces îlots s'accroît depuis plusieurs semaines. Le 1er août, trois élus japonais de l'opposition conservatrice se sont vu refuser l'entrée en Corée du Sud.

La mention de la souveraineté japonaise a fait réagir Séoul. " Aucun progrès dans les relations bilatérales ne pourra être enregistré si le Japon ne renonce pas à ses ambitions sur Dokdo ", a fait savoir le ministère de la défense sud-coréen.

Philippe Mesmer

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