La Tribune (France), no. 4795 - Industrie financière, lundi 29 août 2011, p. 12
Les résultats semestriels des cinq plus grandes banques chinoises se sont élevés à 57 milliards de dollars. Supérieurs à ceux des quatorze plus importants établissements américains et européens réunis.
L'industrie bancaire mondiale entre dans une nouvelle ère. Après la cotation et les levées de fonds successives des grands établissements chinois, les opérateurs de marché s'y étaient habitués : les plus grandes banques mondiales par la capitalisation n'étaient plus américaines ou européennes mais chinoises. Désormais, leur suprématie mondiale porte sur leurs résultats. Au cours du premier semestre, les cinq plus grandes banques de l'ex-empire du Milieu - ICBC, AgBank, Construction Bank, Bank of China et Bank of Communications - ont dégagé des bénéfices cumulés de 57 milliards de dollars supérieurs à l'ensemble des résultats des quatorze plus importants établissements américains et européens! De part et d'autre de l'Atlantique, l'été des banques européennes et américaines a été terni par des rumeurs persistantes et, dans certains cas, par la publication de résultats décevants suivis d'annonces de vastes plans de licenciement. Au premier semestre, les résultats des quinze plus grandes banques américaines en termes d'actifs ont chuté de 17 %. Et en Europe, plus de 40.000 suppressions de postes ont été annoncées au mois d'août, dont 30.000 chez HSBC qui va par ailleurs recruter 15.000 personnes dans les pays émergents. Depuis le début de l'année, les banques chinoises sont mieux loties en Bourse que les occidentales. Certes, les restrictions imposées par Pékin au secteur (hausse des taux d'intérêt, contraintes sur le crédit, mesures anti-spéculatives dans l'immobilier...) ont pesé sur leurs cours. Les actions des cinq plus grandes banques chinoises ont en moyenne chuté de 18 % depuis le 1er janvier. Mais celles des plus importantes valeurs bancaires américaines et européennes ont respectivement sombré de 28 % et 36 %, selon Bloomberg.
Les banques chinoises tiennent un discours rassurant sur leur exposition aux collectivités locales. ICBC, la plus grosse d'entre elles, vient de publier un bénéfice net en progression de 29,4 % à 17 milliards de dollars. Sa direction a indiqué que les dettes les plus risquées ne représentaient que 0,25 % de son portefeuille de crédits. Les dettes " non performantes " ne représentent que 1,11 % des emprunts accordés aux collectivités locales par Construction Bank, le coefficient le plus élevé parmi les cinq grandes banques chinoises.
Pékin veille
Les opérateurs de marché sont donc attentifs. Selon Standard & Poor's, 30 % des emprunts accordés à ces collectivités pourrait devenir " non performants ". Et d'après le " Wall Street Journal ", ils s'élevaient à 2,250 milliards de dollars à la fin de 2010. Pékin qui veille a régulièrement relevé les coefficients de réserves obligatoires des banques et leur a demandé d'étoffer leurs fonds propres pour éviter une crise et se conformer aux normes prudentielles internationales. Ces banques ont par ailleurs augmenté leurs provisions et certaines ont suspendu la distribution de dividendes. D'après le cabinet ChinaScope Financial, les établissements chinois cotés ont levé 93 milliards de dollars sur les marchés boursiers et obligataires en près d'un an.
Éric Chalmet
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