L'Express, no. 3134 - société santé, mercredi 27 juillet 2011, p. 48
Variante très rare du somnambulisme, la sexomnie est souvent difficile à vivre pour ceux qui en souffrent. Et peut se révéler dangereuse pour leur entourage.
L'histoire a fait couler beaucoup d'encre outre-Manche. Au début du mois de juillet, au pays de Galles, un homme a été acquitté du viol d'une adolescente de 16 ans. Les jurés ont estimé à l'unanimité que Stephen Lee Davies, 43 ans, n'était pas condamnable car il était endormi au moment des faits. Il souffre de sexomnie, un trouble du sommeil très méconnu, défini par le British Medical Journal comme "une variante du somnambulisme, qui se manifeste par une activité sexuelle durant le sommeil". Ceux qui en souffrent, en majorité des hommes, peuvent ainsi se masturber ou avoir des relations sexuelles alors qu'ils sont endormis, sans en être conscients ni en garder le moindre souvenir. Aucune explication médicale n'est avancée, mais le stress, la fatigue ou l'abus d'alcool et de drogues pourraient déclencher ces comportements.
Des flashs, comme s'il s'agissait d'un rêve
Vincent (1), 28 ans, est sexomniaque depuis le début de sa vie sexuelle. Lui trouve cela "plutôt sympa, tant qu'on est avec quelqu'un qui nous plaît". Sa sexomnie, qui jusqu'alors se limitait à des rêves et à des "câlins", a évolué depuis qu'il est en couple. Il a désormais des rapports sexuels complets alors qu'il dort, avec des moments de creux. "L'an dernier, à certaines périodes, cela arrivait une fois par semaine, puis plus rien pendant des mois." "En général, précise Isabelle Arnulf, neurologue, qui dirige l'unité des pathologies du sommeil de la Pitié-Salpêtrière, les épisodes ont lieu une fois tous les deux ou trois mois." Et le lendemain, pas vraiment de souvenirs, mais plutôt des "flashs", comme s'il s'agissait d'un rêve.
Tous ne le vivent pas aussi sereinement. Sur les forums Internet consacrés à la question, beaucoup, sous couvert d'anonymat, avouent en souffrir. "J'ai peur du regard de mon mari, nous avons eu plusieurs disputes à la suite de mes comportements nocturnes, dont je n'ai aucun souvenir", explique une femme. Car le sexomniaque a souvent un comportement très différent de son attitude éveillée. Sa sexualité est plus agressive, allant de la masturbation frénétique à des rapports assez violents. "Il est important d'en parler à son conjoint et aux gens avec qui l'on dort. Surtout, il faut éviter les situations à risque : par exemple, il ne faut jamais dormir avec des enfants", avertit le Dr Arnulf.
Difficile de démêler le vrai du faux
Car, comme ce fut le cas dans l'affaire du pays de Galles, la sexomnie peut avoir des conséquences tragiques. Ces dernières années, plusieurs affaires de viols liés à la sexomnie ont été jugées en Grande-Bretagne, au Canada et en Belgique. Chaque fois, elles impliquaient des hommes accusés d'agressions sexuelles et qui n'en avaient aucun souvenir. La plupart de ces cas ont abouti à l'acquittement de l'accusé, jugé irresponsable de ses actes. Cependant, en 2010, à Mons (Belgique), un homme comparaissant pour agression sexuelle sur sa fille de 4 ans a également plaidé la sexomnie. Acquitté en première instance, il a été condamné en appel à quatre ans de prison ferme. Il est en effet difficile de démêler le vrai du faux dans ces dossiers. "Il est possible de pratiquer un examen du sommeil pour tester l'hypotonie [diminution de la tonicité musculaire habituelle durant le sommeil, et qui n'existe pas lors de la sexomnie] du patient", explique Philippe Brenot (2), psychiatre et thérapeute du couple. Las ! Cela ne suffit pas toujours. De plus, "le fait que ce trouble soit plus connu risque de donner des idées de défense à certains", déplore Isabelle Arnulf.
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Il y a 1 an
1 commentaires:
Je n'avais jamais entendu parler de cette maladie ... c'est assez dangereux car certains peuvent s'en servir pour commettrre des délits sexuels non reponsables ,si le corps médical ne peut pas expertiser à coups sur ce somnanbulisme sexuel.
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