Le Matin - Sports, jeudi 11 août 2011, p. 38
La saison 2011-2012 de la NBA est remise en question par le déclenchement du lock-out. Les propriétaires des teams et l'association des joueurs n'ont pas trouvé d'accord financier. Corollaire: des franchises chinoises proposent des salaires étourdissants aux stars.
LeBron James en Chine, c'est pour cette semaine! Que les fans du basket nord-américain se rassurent, la star de Miami s'en va en voyage promotionnel. Rien de plus, pour le moment tout au moins: «C'est une opportunité pour moi de continuer de suivre le développement du basket dans cet immense pays. A chaque voyage, je suis un peu plus époustouflé, notamment par le nombre de terrains en plein air, où des gars et des filles jouent toute la journée. Cela me rappelle mon enfance. »
Parce que la Chine est un immense marché pour les partenaires des principales franchises de la NBA, les allers-retours New York-Pékin ou Los Angeles-Shanghai sont désormais légion. Pour le simple plaisir du tourisme? Pas si sûr. Car c'est bien de l'Empire du Milieu que pourrait venir le salut pour les stars américaines, actuellement forcées au chômage technique par le lock-out (grève des propriétaires) général qui vient de commencer son second mois: «Je jouerai au basket cette saison. Je ne sais pas encore où, mais je jouerai. » Alors que LeBron James arrivait en Chine, Dwyane Wade, son équipier au Miama Heat, quittait le pays, entouré des bruits les plus fous, qui font notamment état d'une offre de salaire mensuel de 2 millions de dollars par un club de Pékin. Wade a immédiatement apporté un démenti à un éventuel contact, tout en rappelant ce qu'il avait déclaré au déclenchement de la grève: «J'étudierai toutes les offres que je recevrai. Et j'ai été très impressionné par l'accueil des fans chinois. » Comme quoi, il n'y a décidément pas de fumée sans feu. Alors, la Chine qui pallie les difficultés actuelles de la NBA? Le scénario est tortueux, mais pas impossible.
1 - LE POURQUOI DE LA CRISE
A l'heure de négocier les accords qui lient les propriétaires des franchises de la NBA et les joueurs, via leurs représentants, les deux parties se sont retrouvées face à un mur, pour le moment infranchissable. La NBA estime l'ensemble de ses pertes, pour la saison 2010-2011, à près de 300 millions de dollars. Corollaire: pour rééquilibrer la situation, les propriétaires veulent fixer un plafond pour l'ensemble des salaires de chaque franchise à 62 millions. «Nous n'avons pas d'autre choix», explique David Stern, patron de la NBA. Les joueurs, eux, demandent au contraire que leur salaire moyen soit augmenté (de 5 à 7 millions par an). L'incompatibilité est donc totale.
2 - QUELS SONT LES VRAIS CHIFFRES?
Comme c'est toujours le cas dans ce genre de conflits, la lecture des chiffres est différente, que l'on soit dans un camp ou dans l'autre. Une chose est avérée: le basket est devenu le parent pauvre des quatre grands sports professionnels nord-américains. En vingt ans, le rendement financier de la NBA a passé de 21,3 à 4,8% (chiffres valables pour la saison 2009-2010, les suivants ne sont pas encore disponibles). Moins de 5% de rendement, c'est proche, pour la même période, de la NHL (hockey sur glace, 5,5%), loin de la MLB (baseball, 8,1%) et très loin de la NFL (football américain, 13,7%). La pierre d'achoppement actuelle se situe d'ailleurs au niveau des chiffres articulés; pour reprendre l'exemple de la saison 2009-2010, le magazine économiqueForbesparlait d'un bénéfice de 183 millions pour la NBA, pendant que les données diffusées par la ligue montraient une perte de 340 millions.
3 - LA MENACE CHINOISE
On le voit, le fossé entre les deux parties est profond. Et, alors que certains agitent déjà la menace d'un championnat parallèle - «Voilà qui rendrait nerveux les propriétaires», rigole un confrère nord-américain -, des transferts en masse de stars de la NBA en Chine vont-ils se produire ces prochains jours? Difficile de l'imaginer, puisque Kobe Bryant and Co. s'empresseront de rejoindre l'Amérique à la fin de la grève. D'ailleurs, la FIBA, la Fédération internationale de basketball, vient de rappeler qu'un «éventuel transfert d'un joueur de la NBA ne sera valable que jusqu'à la fin du lock-out». La question, à laquelle personne n'est capable de répondre ce matin, c'est de savoir jusqu'à quand durera le bras de fer.
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