mercredi 28 septembre 2011

La démondialisation - Serge Halimi

Le Monde diplomatique - Octobre 2011, p. 19

Sortir de la crise, par où commencer ?

Même s'il faut attendre la fin de l'ouvrage pour découvrir les propositions que semble annoncer son titre, l'analyse qui précède, celle d'une mondialisation financière et marchande " qui n'est plus soutenable ", est très solidement charpentée. Elle débusque le mythe d'une dynamique naturelle qui se serait imposée aux responsables politiques en rappelant que les initiateurs de la mondialisation (ses bénéficiaires aussi) ont été les classes supérieures des pays riches - celles du Nord et celles du Sud. En Europe, par exemple, la défense de la monnaie a " obligé " les Etats à " organiser la déflation salariale ". Ce " mai 1968 à l'envers " a comporté d'autant moins de conséquences négatives pour les actionnaires que l'ouverture au commerce international - l'externalisation - leur a permis de " ne plus dépendre du marché intérieur, et donc des salaires qui y sont payés ".

Le retour à un projet capitaliste de développement national se heurterait néanmoins au fait qu'un succès commercial aussi mythique que celui de la DS de Citroën fut produit pendant toute son existence à un peu plus d'un million et demi d'exemplaires. Or, aujourd'hui, une " production d'un million d'exemplaires par an est le minimum du seuil de rentabilité. On peut ainsi comprendre que les firmes multinationales aient fait pression pour un assouplissement des réglementations du commerce international ". Acteurs étrangement semblables à ce jeu-là, l'Allemagne et la Chine en ont, pour le moment, tiré le meilleur profit.

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