Le Figaro, no. 20892 - Le Figaro Économie, mardi 4 octobre 2011, p. 22
Le premier ministre Georges Papandréou n'a pas d'autre choix que d'accélérer la mise en oeuvre de ses promesses et de réduire les dépenses publiques. Mais le spectre d'un défaut de paiement n'est toujours pas écarté.
Loin de calmer le jeu, la multiplication des sacrifices imposés par le gouvernement à la population grecque inquiète de plus en plus les marchés. Surtout, l'annonce, dimanche soir, d'un déficit public à 8,5 % du PIB (produit intérieur brut) en 2011, nettement supérieur à l'objectif de 7,4 % initialement prévu (nos éditions d'hier), a fait l'effet d'une douche froide.
« Avec les coupes budgétaires massives qui tombent à un moment de fort ralentissement économique, les chances de stimuler la croissance pour tenir les objectifs de réduction du déficit sont encore plus maigres », notait un analyste de Capital Spreads cité par l'Agence France Presse. Et celui-ci de brandir à nouveau le spectre d'un défaut de paiement de la Grèce.
Défaut de paiement qui était hier sur la bouche de toutes les places boursières mondiales. À Tokyo, en recul de 1,8 %, comme à Hongkong, en chute de 4,3 % et New York orientée à la baisse, malgré le rebond inattendu des dépenses de construction aux États-Unis. Même chose en Europe, où Paris limitait la casse en perdant 1,85 % en clôture après avoir perdu jusqu'à 3 % dans la matinée. Madrid reculait de 2,2 %, de même que Francfort et Milan de 1,3 %.
Le premier ministre Georges Papandréou, qui fête très symboliquement le deuxième anniversaire de son arrivée au pouvoir, est coincé de tous les côtés. L'avant-projet de budget 2012, déposé hier au Parlement, aligne des chiffres en berne. La récession, estimée à plus de 5,5 % cette année, et le taux de chômage, à plus de 16 %, contraignent Athènes à revoir ses prévisions. Le pays table sur une reprise de la croissance en 2013 seulement et la dette nationale devrait, toujours selon le prébudget, « passer à 172,7 % du PIB à 371,920 milliards contre 161,8 % prévu pour fin 2011 (356,520 milliards d'euros) ».
Privatisations accélérées
Pour atteindre ses objectifs, Georges Papandréou n'a pas d'autre choix que d'accélérer la mise en oeuvre de ses promesses et de réduire les dépenses publiques. Ainsi, la mise au chômage technique de 30 000 employés du secteur public, actée dimanche sous la pression des émissaires de la troïka, devrait rapporter quelque 300 millions d'euros d'ici à la fin de l'année. Les salaires de ces salariés du public seront diminués de 40 % sur l'année et ils seront licenciés par la suite, alors que les plus de 60 ans bénéficieront d'un départ en préretraite. Dès 2012, quelque 150 000 autres fonctionnaires devraient suivre cette mise en réserve.
Pour l'agence Moody's, qui a dégradé le mois dernier la note des principales banques grecques, seul le renforcement du Fonds d'aide européen (FESF) est susceptible d'accélérer une restructuration de la dette grecque et une recapitalisation des établissements financiers du pays.
Pour tenter de sauver au moins le dernier trimestre de l'année, Athènes entend donner un coup de fouet aux dossiers des privatisations avec lesquelles la Grèce espère réaliser 4 milliards d'économies d'ici à la fin 2011. En charge du dossier depuis deux mois, Costas Mitropolos, administrateur délégué de la Caisse de valorisation du patrimoine public, est très confiant. « Le problème est que l'État n'est pas un bon gestionnaire, il faut donc accélérer le processus », assure-t-il avant de commencer un roadshow dans le monde entier pour convaincre les investisseurs de miser sur le pays. « Il y a déjà un grand intérêt des entreprises européennes mais pas seulement. Au final, nous donnerons plus à celui qui fait la meilleure proposition. Peu importe qu'il soit originaire de Chine, d'Inde, de Corée ou d'Australie », assure-t-il.
Mais, dès demain, les salariés des entreprises à privatiser vont se mettre en grève générale. Les transports urbains, maritimes, aériens, les écoles et les administrations seront paralysés. C'est cette situation que de nombreux économistes à l'étranger jugent trop inextricable pour qu'Athènes évite le défaut de paiement.
Alexia Kefalas (Athènes) et Arnaud Rodier
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