Le Monde -
Économie et Entreprise, lundi 13 octobre 2014, p. SCQ5
Confrontée au ralentissement, la Chine a annoncé de nouveaux droits de douane sur le charbon
Le ralentissement complique les plans de Pékin en faveur du rééquilibrage et de l'ouverture de la deuxième économie mondiale. Signe de ces difficultés, le gouvernement chinois a annoncé, jeudi 9 octobre, de nouveaux droits de douane sur les importations de charbon, un moyen de protéger l'industrie minière, particulièrement exposée à la décélération alors que cette ressource couvre les deux tiers des besoins en énergie chinois.
Des taxes de 3 % à 6 %, selon le type de charbon, seront levées aux douanes chinoises à partir du 15 octobre, une mesure qui touchera particulièrement les gros fournisseurs de la Chine, tels que l'Australie et la Mongolie.
La République populaire, premier consommateur de la planète, avait supprimé la plupart des droits à l'importation de charbon après 2005.
Face au ralentissement, l'association des producteurs de charbon chinois - dont les membres les plus importants sont des entreprises d'Etat - s'était déjà engagée cet été à réduire la production nationale de 10 % au second semestre. Ce sont 70 % des mines chinoises qui enregistrent des pertes et la moitié doivent à leurs employés des arriérés de salaires. Les prix sont tombés à leur plus bas niveau depuis six ans.
Depuis leur arrivée en mars 2013 à la tête de l'Etat et du gouvernement, le président Xi Jinping et son premier ministre, Li Keqiang, ont répété vouloir s'en tenir à une solution de long terme : réduire les surcapacités de production et laisser davantage faire la loi de l'offre et de la demande. Mais alors que les signes d'un redressement se font attendre, le curseur passe de l'élan réformateur au protectionnisme permettant de sauvegarder les emplois, sous la pression des représentants des intérêts industriels.
Les dirigeants de l'Etat-parti ont longtemps argué qu'une croissance moins rapide est nécessaire pour ouvrir davantage l'économie chinoise. Or, pense Eswar Prasad, professeur d'économie à l'université américaine de Cornell (Etat de New York), la perte d'élan sape au contraire le soutien politique aux réformes en faveur du marché. " Le besoin de soutenir la croissance à court terme contraint le gouvernement à adopter des mesures qui vont à l'encontre des objectifs de réforme des marchés financiers et de rééquilibrage de la croissance ", constate M. Prasad, ancien chef du bureau du Fonds monétaire international en Chine.
La Chine a les moyens d'une relance. Mais les mesures déployées pour parer à la crise après 2008 - un plan de relance à plus de 500 milliards d'euros - si elles permirent de maintenir le niveau de l'emploi, eurent des conséquences néfastes - des investissements publics réalisés à la hâte, une corruption massive dans la construction du réseau de train à grande vitesse et un endettement obscur des collectivités locales.
La banque centrale veut aujourd'hui se contenter de mesures plus modestes et ciblées. La Banque populaire de Chine s'est résolue, à la mi-septembre, à injecter 500 milliards de yuans (63 milliards d'euros) dans les cinq plus grandes banques du pays, des prêts à faible taux d'intérêt destinés à stimuler l'activité économique.
La solution à long terme a été identifiée de longue date par son gouverneur, Zhou Xiaochuan. La libéralisation des taux d'intérêt doit permettre aux banques d'allouer les crédits au secteur privé compétitif, alors qu'elles se concentrent encore aujourd'hui sur les grands groupes publics, car ils bénéficient des connexions politiques nécessaires et d'une garantie de l'Etat.
" La banque centrale de Chine essaye de maintenir un difficile équilibre en recourant à des mesures ciblées plutôt qu'à une large expansion du crédit en soutien à la croissance ", explique Eswar Prasad. L'exercice se révèle plutôt périlleux sur le plan politique.
Pressions sur la banque centraleLa banque centrale subit la pression pour céder davantage de crédits, à l'heure où des doutes se font entendre sur la capacité du pays à atteindre son objectif de 7,5 % de croissance sur l'ensemble de l'année. Le 24 septembre, le Wall Street Journal révélait que Xi Jinping envisage de se débarrasser de Zhou Xiaochuan à la tête de l'institution monétaire, qui en Chine n'est pas indépendante du Parti communiste (PCC).
Pousser M. Zhou vers la sortie apparaîtrait comme une victoire des plus conservateurs, car il est connu pour son penchant réformateur. D'autant qu'il a su établir de bonnes relations avec les responsables économiques internationaux - il aurait notamment parié pour s'amuser sur l'évolution du taux de change entre le dollar et le yuan lors de parties de tennis avec Larry Summers, l'ancien conseiller économique du président américain, Barack Obama.
Zhou Xiaochuan reste pour l'heure à son poste mais il n'a plus évoqué depuis le 10 juillet l'échéance de deux ans pour achever la réforme des taux d'intérêt. Et le Conseil des affaires d'Etat, c'est-à-dire le gouvernement central, a précisé, à la fin juillet, que cette réforme interviendra " de manière ordonnée ", formule qui signifie rarement l'empressement au sein du PCC.
Harold Thibault
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