C'est la 7e édition d'un livre qui porte sur les inégalités économiques, leur évolution, leur conséquence dans le capital et la redistribution des revenus.
Aux éditions LA DÉCOUVERTE :
Prix : 10 €
L'inégalité est-elle pour l'essentiel la conséquence de la concentration
du capital dans quelques mains, auquel cas la taxation et la
redistribution du capital pourraient y mettre fin ? L'inégalité des
salaires reflète-t-elle à peu près le jeu de l'offre et de la demande
pour différents types de travail ? L'inégalité se transmet-elle
principalement au niveau familial ? L'augmentation des dépenses
d'éducation peut-elle diminuer de façon décisive l'inégalité des chances
? Les prélèvements sur les revenus élevés ont-ils atteint un niveau où
toute redistribution supplémentaire réduirait dangereusement
l'incitation au travail, ou ces effets sont-ils d'une ampleur
négligeable ? Les systèmes modernes de prélèvements et de transferts
assurent-ils une redistribution appréciable, ou est-il opportun de les
réformer largement ?L'inégalité est-elle pour l'essentiel la conséquence
de la concentration du capital dans quelques mains, auquel cas la
taxation et la redistribution du capital pourraient y mettre fin ?
L'inégalité des salaires reflète-t-elle à peu près le jeu de l'offre et
de la demande pour différents types de travail ? L'inégalité se
transmet-elle principalement au niveau familial ? L'augmentation des
dépenses d'éducation peut-elle diminuer de façon décisive l'inégalité
des chances ? Les prélèvements sur les revenus élevés ont-ils atteint un
niveau où toute redistribution supplémentaire réduirait dangereusement
l'incitation au travail, ou ces effets sont-ils d'une ampleur
négligeable ? Les systèmes modernes de prélèvements et de transferts
assurent-ils une redistribution appréciable, ou est-il opportun de les
réformer largement ?
En utilisant les théories économiques, y compris les plus récentes, pour
répondre à ce type de questions, ce livre remet en cause bon nombre
d'idées reçues et contribue à des débats dont les enjeux sont
essentiels.
PORTRAIT de Thomas Piketty, paru dans Le Figaro:
Thomas Piketty, l'économiste français qui fascine l'Amérique
Son dernier livre, sur le capitalisme mondial, fait un tabac outre-Atlantique. Il en a vendu un demi-million d'exemplaires en trois mois dans le monde anglo-saxon. Pour ou contre, les Américains ont fait de Piketty l'arbitre intellectuel de leurs débats virulents sur les inégalités grandissantes aux États-Unis.
Marion Cotillard, Daft Punk et Jean Dujardin n'ont qu'à bien se tenir. Un autre Français est en train de chavirer les cœurs et les têtes de l'Amérique. À 43 ans, chemise blanche au col toujours ouvert, Thomas Piketty a gardé sa tête d'adolescent prolongé et on lui donnerait le bon Dieu sans confession. Voilà qui doit aider dans un pays infatué de religion. Il n'est ni chanteur ni acteur, mais économiste, et de la pire espèce qui soit pourrait-on penser outre-Atlantique. Son livre clame haut et fort, dès le titre, son inspiration marxiste:Le Capital au XXIe siècle.Et Capital seul, ni plus ni moins, en lettres rouges, dans la version américaine. C'est du lourd: avec ses 700 pages bourrées de graphiques et de tableaux, il pèse plus d'un kilogramme sur la balance. Or il s'en est vendu 500.000 exemplaires en à peine trois mois dans le monde anglo-saxon, principalement aux États-Unis.
«Je ne touche pas terre», avoue son auteur dans ses moments de confidence, entre deux débats télévisés ou dans les universités, de New York à San Francisco. Une pléiade de Prix Nobel d'économie l'ont pris sous leur protection et ne le quittent pratiquement jamais, tant ils sont confits d'admiration pour leur jeune collègue. Parmi eux, le vétéran Robert Solow, 90 ans, le pape des économistes américains, l'exubérant Joseph Stiglitz, et Paul Krugman qui fait la pluie et le beau temps dans les colonnes du New York Times. Ce dernier, d'habitude si sombre et revêche, avoue avec enthousiasme qu'il est «jaloux» du succès de son confrère français et de son livre, «le meilleur de l'année, voire de la décennie», selon lui.
Reçu en grande pompe à la Maison-Blanche
Le message de cette nouvelle bible d'un millier de pages (version française) est fort simple et tient en quelques mots: «Le rendement du capital est depuis longtemps supérieur au taux de croissance de l'économie.» D'apparence sibylline, la formule explique à elle seule l'explosion des inégalités de revenus et des patrimoines, particulièrement sensible aujourd'hui aux États-Unis. Même un enfant de 9 ans pourrait en comprendre le raisonnement: à partir du moment où le capital, détenu par une partie seulement de la population, voit sa rémunération progresser plus vite que le taux de croissance annuelle de la richesse du pays, la part du gâteau des capitalistes s'élargit inexorablement. Leurs gains sont comme les nénuphars qui tendent à recouvrir tout l'étang. «La découverte du mécanisme, jamais décrit jusqu'à présent, de la supériorité du rendement du capital par rapport au taux de croissance de l'économie aboutit à siphonner une grande partie de la richesse vers les plus riches», reconnaît le professeur Solow, qui semble ne pas revenir de cette découverte, lui qui a passé toute sa vie à traquer les ressorts de la croissance!
Reçu en grande pompe à la Maison-Blanche par les conseillers économiques de Barack Obama, convié à un tête-à-tête, le 14 avril, avec le secrétaire au Trésor Jack Lew, Thomas Piketty est devenu l'homme providentiel pour la gauche américaine. «Son succès tombe à pic et est dans l'air du temps», admet le professeur Dani Rodrik, de l'université de Harvard. Le mouvement contestataire Occupy Wall Street, stigmatisant «le 1 % de la population qui capte 22,5 % des revenus», avait certes occupé le terrain sur ce thème de l'automne 2011 au printemps 2012. Mais il s'est largement essoufflé.
Depuis lors, Barack Obama n'a eu de cesse de pointer du doigt «des inégalités dangereuses et grandissantes et une absence de mobilité sociale ascendante qui a mis en péril le contrat social de base de la classe moyenne». Les travaux de l'universitaire français permettent de relancer le débat sur des bases bien plus argumentées. «Ce qui est réellement nouveau avec Capital est la manière dont il démolit le mythe le plus cher des conservateurs: leur insistance à considérer que nous vivons dans une méritocratie dans laquelle la grande richesse est gagnée et méritée», estime Paul Krugman dans une de ses chroniques bi-hebdomadaires auNew York Times.
Le très médiatique Prix Nobel 2008 est d'autant plus enclin à enrôler Piketty dans son propre combat contre les inégalités que ce dernier a accompli un travail véritablement scientifique. L'économiste Robert Solow s'extasie devant «la taille considérable de la base de données qu'il a constituée, c'est une contribution formidable». Les statistiques de revenus et de patrimoine d'une vingtaine de pays, et parfois sur un siècle comme pour l'impôt sur le revenu en France, ont été collectées minutieusement. Tel saint Thomas, qui ne croit que ce qu'il touche, Piketty peut se prévaloir de faits tangibles a priori incontestables pour étayer ses démonstrations.
C'est précisément sur ce terrain que ses adversaires ont cherché à le déstabiliser. Car il en a, et avant tout dans les rangs du Parti républicain. «De nombreux chiffres sont faux, le Financial Times l'a mis en lumière,et les écarts d'inégalité ne sont pas calculés après impôts et redistribution», pointe Didier Varlet, ancien patron d'une grande banque européenne aux États-Unis, libéral et républicain convaincu. Et ce créateur d'un cabinet de conseil en investissements soulève une autre difficulté: «La rotation des riches au sein du 1 % n'est pas bien estimée.» Le professeur Martin Feldstein, ancien conseiller économique du président Reagan, toujours très respecté dans les milieux académiques, reproche à Piketty sa vision bien trop statique:«Ses conclusions sur la hausse inexorable des inégalités pourraient être correctes si les gens vivaient éternellement. Mais ce n'est pas le cas.» Autrement dit, de nouveaux riches se poussent du col et, à l'inverse, il y a des retours de fortune parmi les plus huppés…
Les think-tanks conservateurs sont vent debout contre ce «gourou des inégalités» qui s'est installé sans crier gare dans le débat politique américain. Et cela à quelques mois des élections «mid term» de novembre 2014 qui pourraient voir le Sénat tomber dans l'escarcelle des républicains, car la classe moyenne est déçue des résultats économiques de Barack Obama. «Qu'est-ce qui compte le plus, l'égalité ou la prospérité? Piketty déplore la hausse des inégalités en Chine, mais il omet de dire que les forces du marché ont sorti des centaines de millions de Chinois de la pauvreté», s'insurge Michael Tanner, du Cato Institute.
La «Pikettymania» fait son chemin
Il en faudrait cependant plus pour désarçonner le Français, fort de l'objectivité de ses travaux d'universitaire. «Comme beaucoup, je suis bien meilleur dans l'analyse du passé que dans la prévision de l'avenir. On peut très bien ne pas être d'accord avec ce que je dis dans la quatrième partie de mon livre et trouver intéressant ce que j'explique dans les trois premières parties», expliquait-il, avec une modestie non feinte, devant des étudiants de New York. Et, d'ailleurs, cet «impôt mondial sur le capital» qu'il préconise et qui serait directement décalqué de l'ISF français, il le qualifie lui-même d'«utopie utile». C'est tout dire.
Cette humilité est manifestement tout à son honneur. Fin connaisseur des us et coutumes américaines - il a enseigné très jeune au MIT, près de Boston, de 1993 à 1995 -, Piketty semble aux antipodes de l'arrogance que l'on prête parfois aux Français. Il parle toujours très vite, pratiquement sans notes et sans chercher ses mots. Son accent, digne de l'inspecteur Clouseau, ne gêne guère son auditoire dont les questions de forme ne sont pas le souci majeur. La «Pikettymania» fait son chemin, comme le note l'hebdomadaire Bloomberg Business Week, selon qui «Le Capital au XXIe siècle a déclenché une ferveur idéologique digne des foules aux portes de la Bastille». Les journalistes américains s'interrogent sur le public vraiment concerné. Le succès d'audience se concentrerait d'abord dans la capitale fédérale, Washington DC, puis à New York, ainsi que dans les États riches de la côte est du Connecticut, du New Jersey et du Maryland. Bien plus que dans les vastes réservoirs de la gauche américaine que sont la Californie ou l'Illinois, a découvert Justin Wolfers du New York Times, en s'appuyant sur un outil Google permettant de mesurer les recherches du mot «Piketty».
La «Pikettymania» américaine est revenue comme un boomerang en France. «Sorti en septembre 2013, le livre s'était vendu à 40.000 exemplaires, ce qui était déjà bien. Mais depuis sa publication outre-Atlantique, les ventes françaises sont passées à 120.000», se réjouit-on au Seuil. L'éditeur français, qui a signé déjà 33 contrats de traduction, sans compter une dizaine en négociation, ne voit «aucun précédent» pour un tel succès. «C'est trop lourd pour moi, trop gros», avouait pourtant, au début du mois, Michel Sapin, le ministre des Finances. On le comprend: la vie est trop courte pour consacrer 30 à 50 heures de son temps à un ouvrage qui ne parle que d'argent.
Jusqu'à présent, Thomas Piketty était perçu en France comme l'ayatollah de la progressivité de l'impôt. Il avait publié il y a trois ans, en pleine campagne électorale, un opuscule d'une centaine de pages, Pour une révolution fiscale, prônant une fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG. Le projet repris par Jean-Marc Ayrault, fin 2013, n'a pas eu de suite. Ce débat franchouillard est révolu, selon lui. Son automne s'annonce indien et chinois: il va devoir présenter son maître livre en Inde et à Pékin, où une traduction est déjà sur les rails.
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