mardi 4 mars 2008

Bruxelles attaque de nouveau la Chine devant l'OMC - Yann Rousseau

Les Echos, no. 20123 - International, mardi, 4 mars 2008, p. 7
Après avoir tenté de raisonner Pékin lors de pourparlers bilatéraux, l'Union européenne a finalement décidé hier de s'attaquer une nouvelle fois formellement à la Chine devant l'Organisation mondiale du commerce. Les 27 pays membres, qui devraient être rejoints dans leur dépôt de plainte par les Etats-Unis, reprochent cette fois à leur partenaire commercial de ne pas laisser les agences étrangères d'information financière travailler librement dans le pays.
Après avoir tenté de raisonner Pékin lors de pourparlers bilatéraux, l'Union européenne a finalement décidé hier de s'attaquer une nouvelle fois formellement à la Chine devant l'Organisation mondiale du commerce. Les 27 pays membres, qui devraient être rejoints dans leur dépôt de plainte par les Etats-Unis, reprochent cette fois à leur partenaire commercial de ne pas laisser les agences étrangères d'information financière travailler librement dans le pays.

Depuis septembre 2006, Pékin a renforcé son contrôle sur les activités des grandes agences spécialisées telles que Bloomberg, Dow Jones ou Reuters, qui fournissent des informations aux médias chinois, mais surtout aux banques, aux courtiers et autres institutions financières. Après avoir laissé pendant dix ans ces sociétés gérer directement leurs relations avec leurs clients, la Chine impose depuis dix-huit mois à ces groupes de vendre leurs produits par l'intermédiaire d'une filiale de l'agence officielle Xinhua (« Chine nouvelle »), qui a elle-même lancé un service d'informations financières concurrent. Refusant d'entrer dans un épineux débat sur la liberté d'information en Chine, les grandes agences reprochent essentiellement à Xinhua d'être à la fois un acteur et un régulateur de ce marché estimé à plusieurs millions de dollars.

La Chine, qui n'a pas réagi hier soir à l'annonce de cette nouvelle plainte, a désormais soixante jours pour mener des consultations avec ses partenaires et trouver une issue négociée au différend. Si les différentes parties ne parviennent pas à s'entendre, un panel d'experts devra, à son tour, se pencher sur ce dossier, qui semble particulièrement tenir à coeur aux responsables de Bruxelles. « Nous estimons que les agences non chinoises sont menacées commercialement par les nouvelles réglementations », avait lâché la semaine dernière Peter Mandelson, le commissaire européen au Commerce, à l'issue d'un séjour à Pékin.

L'UE durcit le ton

Apparue pendant longtemps plus tolérante que les Etats-Unis vis-à-vis de Pékin, l'Union européenne a depuis quelques mois durci le ton face à son partenaire chinois. Bruxelles a ainsi déjà réussi à faire condamner Pékin, une première fois devant l'OMC, dans le dossier des pièces détachées automobiles (« Les Echos » du 15 février), et a lancé, le mois dernier, des enquêtes antidumping sur les importations de bougies et de câbles en acier fabriqués en Chine. A chaque fois, l'Union reproche à la Chine de freiner injustement l'ouverture de ses marchés aux groupes européens et de ne faire aucun effort pour rééquilibrer leurs échanges commerciaux. Le déficit commercial enregistré en janvier dernier par les Vingt-Sept avec la Chine a bondi de 42 % par rapport à janvier 2007.

YANN ROUSSEAU

Note(s) :

DE NOTRE CORRESPONDANT À PÉKIN.

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