24 City, de Jia Zhangke (en compétition). En Chine, à Chengdu (Sichuan), une immense usine d'armement va fermer ses portes, être transférée ailleurs pour laisser place à des résidences de luxe. Quelques semaines avant sa destruction, le cinéaste Jia Zhangke (le réalisateur de Still Life) filme les entrailles de ce vaste complexe, le labeur des travailleurs et s'intéresse aux mémoires ouvrières
génération après génération, l'apprentissage des valeurs et des gestes, la transmission d'un savoir, la fin d'une époque et les traces d'anciennes solidarités. Dans ce film d'un grand formalisme qui prend son temps pour errer dans les décombres de ce qui fut une vie partagée, le cinéaste laisse parler ses témoins, longuement, attentivement. De leurs confessions sort la mélopée des souvenirs heureux et tristes, ponctués de poèmes anciens et de quelques vers de Yeats sur l'impermanence des choses et la vie éphémère. Les générations se succèdent. Les jeunes aspirent désormais à faire de l'argent, rêvent de luxe et mesurent parfois l'écart qui les sépare de leurs aînés. Une oeuvre magnifique qui se clôt par un vaste panoramique au-dessus de la ville de Chengdu. Une image perdue : Chengdu a été rasée, la semaine dernière, par un tremblement de terre...PHOTO : Christophe Simon/AFP
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