Le bilan pourrait encore s'alourdir, une partie de cette région, épicentre de la secousse, étant toujours inaccesible. Des centaines de personnes sont encore ensevelies sous les décombres des immeubles. George W. Bush propose l'aide des Etats-Unis à la Chine.
Un puissant séisme d'une magnitude préliminaire de 7,8 sur l'échelle ouverte de Richter a secoué le sud-ouest de la Chine, lundi 12 mai. Le bilan ne cesse de s'alourdir.
Selon un bilan provisoire de l'agence officielle du régime, Chine Nouvelle, le séisme aurait fait 8.533 morts dans le seul district de Beichuan, au Sichuan (sud-ouest), au nord de la ville de Chengdu. Selon une estimation du gouvernement local, le séisme a fait également 10.000 blessés et a détruit 80% des immeubles du district. Il s'agit de la région la plus touchée.
Le district, situé à 160 kilomètres de Chengdu, la capitale de la province, est habité par plus de 160.000 personnes, dont la majorité appartient à des minorités, notamment tibétaine.
La première secousse s'est produite à 14h28 (6h28 GMT) dans une région très peu peuplée mais à seulement 86km au nord-ouest de Chengdu, la capitale de la province du Sichuan, forte de quelque dix millions d'habitants. Selon l'USGS, une réplique d'une magnitude préliminaire de 6 sur l'échelle de Richter a secoué 15 minutes plus tard l'est de la province du Sichuan.
Un accès et une météo difficiles
La région de la province du Sichuan (sud-ouest de la Chine) où se trouve l'épicentre du tremblement de terre de lundi est toujours inaccessible, a annoncé l'agence Chine nouvelle, citant les autorités locales qui craignent que le bilan des morts ne s'alourdisse encore.
Une équipe de secours se dirigeant vers le district de Wenchuan, a été bloquée à 90 km de là, dans la ville de Dujiangyan, les routes étant impraticables dans cette région montagneuse, selon la même source.
"Nous faisons ce que nous pouvons, mais les routes sont recouvertes de pierres et de roches", a déclaré Li Chongxi, responsable de l'équipe de secours.
Li Chongxi a précisé que les secouristes tentaient actuellement de dégager les voies.
Les autorités ont tenté d'envoyer quatre hélicoptères, mais les fortes pluies ne leur ont pas permis d'atteindre la zone, a indiqué la télévision chinoise CCTV.
"Par la pensée et la prière"
Le président George W. Bush a présenté lundi ses condoléances aux familles des victimes du tremblement de terre et a offert à la Chine l'aide des Etats-Unis, dans un communiqué.
"Les Etats-Unis se tiennent prêts à aider de toutes les manières possibles", a-t-il dit dans un communiqué.
"Je présente mes condoléances aux blessés et aux familles des victimes du tremblement de terre qui a eu lieu aujourd'hui dans la province de Sichuan", a également dit le président américain.
"Je suis particulièrement triste du nombre d'écoliers et d'enfants touchés par cette tragédie. Le peuple américain est, par la pensée et la prière, avec le peuple chinois, en particulier ceux qui sont directement touchés", a-t-il ajouté.
- Dans la province du Sichuan:
Dans le Sichuan, province la plus touchée, ce sont au 8.533 personnes qui ont été tuées et 10.000 qui sont blessées.
Par ailleurs, 50 lycéens sont morts et près de 850 restaient sous les décombres de leur établissement qui s'est effondré lundi dans le sud-ouest de la Chine à la suite d'un puissant séisme, a annoncé l'agence Chine Nouvelle.
Le drame s'est produit dans un lycée de la ville de Dujiangyan, à 100 km de l'épicentre du séisme, Wenchuan, dans la province du Sichuan.
Selon un journaliste de Chine Nouvelle, une partie d'un immeuble de deux étages s'est écroulé, prenant au piège les lycéens.
Certains d'entre eux tentaient de se libérer eux-mêmes, tandis que d'autres appelaient à l'aide, selon la même source.
Huit excavateurs étaient à l'oeuvre pour dégager les survivants des décombres.
Quatre écoliers ont été tués dans l'effondrement de deux écoles primaires, qui a aussi fait environ 110 blessés, dans le district de Liangping, dans les environs de la mégalopole de Chongqing, a indiqué Chine Nouvelle.
Une personne est également décédée lorsqu'un château d'eau s'est effondré dans le district de Santai, dans la province voisine du Sichuan, a précisé un porte-parole du Bureau de sismologie provincial, Deng Changwen, cité par l'agence officielle.
Près de Wenchuan, l'épicentre du séisme au Sichuan, d'autres personnes pourraient être décédées ou blessées après l'effondrement de nombreuses habitations.
Selon Chine Nouvelle, un témoin a en effet indiqué avoir vu des "alignements de maisons" effondrées à Dujiangyan, une localité d'environ 600.000 personnes. "Au moins dix personnes ont été blessées", a-t-il ajouté.
Les autorités chinoises ont envoyé l'armée sur les lieux du tremblement de terre et ont fermé temporairement l'aéroport international de Chengdu, capitale du Sichuan.
Par ailleurs, deux usines chimiques se sont effondrées dans le Sichuan ensevelissant des centaines d'employés et conduisant à l'évacuation de 6.000 riverains. L'accident, qui s'est produit à Shifang, au nord de Chengdu, a provoqué la fuite de 80 tonnes d'ammoniaque, a précisé l'agence, citant l'Administration de la sécurité au travail.
- Dans la province du Gansu :
Les provinces du Gansu (nord-ouest), du Yunnan (sud-ouest) ainsi que la vaste municipalité de Chongqing (sud-ouest) ont aussi été touchées et les autorités redoutent que le bilan des victimes, qui s'alourdit dramatiquement au fil des heures, ne s'aggrave encore.
De nombreux témoignages mentionnent des bâtiments effondrés dans toute cette zone.
A l'instar du district de Beichuan (plus de 160.000 habitants) où 80% des immeubles ont été détruits.
Cette région se situe à environ 90 kilomètres au nord-est de Wenchuan, ville de 118.000 habitants du Sichuan et lieu de l'épicentre du séisme qui s'est produit peu avant 14H30 (06H30 GMT) à seulement 10 km de profondeur.
- Dans la province du Yunan:
Toujours selon l'agence, la secousse a provoqué l'effondrement de bâtiments dans la province voisine du Yunnan.
- A Pékin et Shangaï:
A Pékin, des centaines de cols blancs se sont précipités hors de leurs bureaux, téléphone portable à l'oreille, pour tenter de joindre leurs proches.
Une secousse s'est produite après 14H30 (06H30 GMT) à l'est de la capitale, dans le quartier de Tongzhou, d'une magnitude de 3,9.
Le tremblement de terre a été ressenti à des milliers de kilomètres, comme à Shanghaï et à Pékin, où, peu après la pause déjeuner, des immeubles de bureaux se sont brutalement vidés de leurs occupants, pris de peur.
Des secousses ont également été ressenties à Hong Kong et à Taipei, sur l'île de Taïwan.
"Cela a beaucoup bougé et j'ai senti comme un vertige", a raconté Lilian Wu, cadre à Shanghaï, qui travaille dans la plus haute tour de la ville, la Jinmao Tower.
Dans la même agglomération, un employé d'une banque japonaise, Shen Jie, a témoigné d'un mouvement de panique dans la tour où il travaille au 19e étage, la Shanghai Bank Tower. "Tout le monde s'est mis à paniquer. Nous sommes sortis", a-t-il dit.
Réactions des autorités
Le président chinois Hu Jintao a ordonné aux secours d'apporter leur aide aux victimes, a annoncé l'agence Chine Nouvelle. L'agence officielle chinoise a précisé que le Premier ministre Wen Jiabao s'est rendu sur les lieux.
Dans une interview à la télévision centrale, Wen Jiabao a qualifié le séisme de "désastre", appelant la population au "calme" et au "courage".
"Face au désastre, le plus important est le calme, la confiance, le courage et une direction forte", a déclaré le chef du gouvernement dans l'avion le conduisant dans la province du Sichuan.
Vulnérabilité moyenne
Un séisme de cette intensité peut provoquer des dégâts majeurs jusqu'à 100km de son épicentre. Le barrage géant des Trois-Gorges sur le fleuve Yangzi, dans le centre de la Chine, n'a pas souffert du séisme.
Selon le système conjoint de coordination et d'alerte des catastrophes mondiales des Nations unies et de la Commission européenne (GDAC), le séisme a touché une région peu peuplée mais à seulement 86km de Chengdu et pourrait avoir "un impact humain important" et provoquer des glissements de terrain mortels. "Ce séisme a un impact humain potentiel important et la région affectée a une vulnérabilité moyenne aux catastrophes naturelles", déclare le GDAC sur son site Internet.
Le Figaro, no. 19838 - Le Figaro, mardi, 13 mai 2008, p. 4
Des milliers de morts dans un séisme en Chine
Mevel, Jean-Jacques
LA CHINE a été frappée hier par le tremblement de terre le plus violent et le plus meurtrier qu'elle ait connu depuis plus de trente ans, avec un bilan provisoire - 8 700 morts au moins - qui ne cesse de s'alourdir. « La situation est plus grave que nous l'avions estimé précédemment », déclarait hier soir le premier ministre Wen Jiabao, sur place.
Le séisme, d'une magnitude de 7,8 sur l'échelle de Richter, s'est déclenché à 14 h 28 (8 h 28 à Paris) au sud-ouest du pays. Il a trouvé son épicentre au nord de la province du Sichuan et sur les contreforts du plateau tibétain, dans le district de Wenchuan. Avec ses répliques, il a été ressenti à des milliers de kilomètres, jusqu'à Pékin, Shanghaï, Taïpeh, la Thaïlande et le Vietnam. L'intensité est la même que celle du tremblement de terre de Tangshan, considéré comme l'un des plus grands cataclysmes de l'histoire : le 28 juillet 1976, au crépuscule de la Révolution culturelle, il avait fait 240 000 morts officiellement et probablement trois fois plus.
Hier en fin d'après-midi, alors que le bilan commençait à s'allourdir, le président Hu Jintao a ordonné une mobilisation maximale des secours. Le premier ministre Wen Jiabao avait d'abord évoqué « un désastre ». L'armée populaire de libération a été dépêchée dans la région. Au chaos des transports s'ajoutait un encombrement général du réseau téléphonique, saturé par les appels de parents et amis inquiets pour leurs proches.
L'étendue de la catastrophe restait difficile à cerner dans la nuit, mais trois coups de projecteurs conduisent à redouter le pire. Le séisme a fait de 3 000 à 5 000 morts et 10 000 blessés dans un seul district du Sichuan, celui de Beichuan, non loin de l'épicentre, d'après l'agence Chine nouvelle. Près de 80 % des constructions y ont été détruites. Dans la municipalité voisine de Dujiangyan, 50 lycéens ont été tués et plus 800 autres restaient ensevelis sous les décombres de leur établissement, selon la même source (voir ci-dessous). Dans la ville, des « rangées entières de maisons » se seraient écroulées. Non loin de là, à Shifang, deux usines chimiques se sont effondrées, ensevelissant des centaines d'employés. Une fuite de 80 tonnes d'ammoniaque a conduit à l'évacuation de 6 000 riverains sous le choc.
Inquiétude pour le barrage des Trois Gorges
Chengdu, capitale du Sichuan, située à 150 km au sud de l'épicentre, a été secouée mais n'a pas, semble-t-il, connu de destruction massive. L'eau y est coupée, comme l'électricité. Beaucoup des 11 millions d'habitants ont vu leurs vitres brisées. La télévision a montré la foule descendue dans la rue pour la nuit, mais pas de blessés, sauf une femme au visage en sang. L'aéroport de la ville est fermé et les liaisons ferroviaires ont été volontairement interrompues.
Chongqing, métropole industrielle de 15 millions d'habitants située 300 km plus à l'est, a aussi ressenti le séisme. Pour ses habitants, l'effet a été amplifié par un urbanisme vertical, comme à Pékin et à Shanghaï : le sommet des tours a oscillé vertigineusement pendant de longues secondes. Il y a eu panique, mais pas de dégâts importants, selon les médias chinois. Le trafic a été stoppé, pour inspection, sur les nombreux ponts et autoroutes surélevées qui desservent le coeur de l'agglomération.
Le barrage des Trois Gorges n'aurait pas non plus souffert du tremblement de terre. Sa retenue de 600 km sur le Yang Tsé commence à Chongqing, au pied de la falaise. Le plus grand ouvrage hydroélectrique de la planète se trouve à plus de 1 000 km à l'est de l'épicentre, dans la province du Hubei. Certains experts lui reprochent d'ajouter au risque, par son poids, dans une région à forte sismicité. Les chiffres provisoires livrés hier provenaient pour l'essentiel de grandes villes, certaines éloignées de l'épicentre. Il fait peu de doute que le bilan est destiné à s'alourdir lorsque les secours gagneront le coeur du séisme, dans les zones montagneuses et difficiles du nord-ouest du Sichuan. L'une des inquiétudes se focalise sur la solidité des nombreux barrages qui captent les eaux, au sortir du plateau tibétain. À ce point d'interrogation s'ajoute une dimension politique : la région est peuplée de Tibétains, comme la préfecture autonome de Ngawa et Qiang, où se trouve l'épicentre. Cette région a connu des troubles après l'émeute de Lhassa à la mi-mars. Elle est pratiquement bouclée par la police depuis deux mois.
À 90 jours des JO de Pékin, la Chine et ses chefs sont une fois de plus à l'épreuve. Le premier ministre Wen l'a dit hier en appelant « au calme, au courage et à la confiance envers un gouvernement fort ». Les Chinois, très superstitieux, y verront plutôt un signe de mauvais augure : tout tremblement de terre fait vaciller le pouvoir et son « mandat du Ciel ». En 1976, Tangshan avait précédé de 43 jours la disparition de Mao.
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Le centre de la Chine secoué par un séisme meurtrier
GABRIEL GRESILLON
A Dujiangyan, près de l'épicentre, des habitants tentaient hier de retrouver des survivants dans les décombres après l'effondrement d'un lycée.
Le bilan ne cessait de s'alourdir, hier soir, après le tremblement de terre d'une magnitude de 7,8 sur l'échelle de Richter qui a secoué la province centrale du Sichuan. D'une violence jamais vue depuis 1950 en Chine, le séisme aurait fait près de 9.000 morts, selon un décompte partiel. De l'avis même des autorités, ce chiffre était probablement inférieur à la réalité et la situation plus grave qu'estimé, car certaines régions touchées par le séisme étaient difficiles d'accès. En particulier, un glissement de terrain provoqué par la secousse tellurique a bloqué le principal accès au district de Wenchuan, épicentre du séisme, bloquant l'acheminement des secours.
Signe de l'ampleur de la catastrophe, le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, s'est rendu lui-même dans la capitale du Sichuan, Chengdu, située à un peu plus de 100 kilomètres de l'épicentre. Il n'a pas hésité à parler de « désastre », estimant que « le plus important est le calme, la confiance, le courage et une direction forte ». De son côté, le président chinois, Hu Jintao, a ordonné une mobilisation maximale des secours. L'armée a été dépêchée sur place.
Des écoliers pris au piège
La secousse a été si forte qu'elle a été ressentie dans le reste du pays, notamment à Pékin, où le trafic a été interrompu tandis que les bâtiments se vidaient de leurs employés. Le tremblement de terre a également été ressenti jusqu'à Bangkok et Hong Kong. L'émotion était d'autant plus forte en Chine que la catastrophe a pris au piège des écoliers. Au moins 9 écoles se sont effondrées, tandis que 850 adolescents étaient coincés sous les débris de leur lycée. Une cinquantaine auraient trouvé la mort. Un hôpital a également été détruit dans la ville de Dujiangyan, toute proche de l'épicentre. A Chengdu même, mégalopole de 10 millions d'habitants, au moins 45 personnes auraient trouvé la mort. La ville de Congqing, agrégat de plusieurs communes où résident 30 millions de personnes et située au sud du Sichuan, ne semble pas avoir été dévastée, mais là encore des enfants ont péri dans l'effondrement de leur école.
Les infrastructures du pays ont également été affectées. Le trafic à l'aéroport de Chengdu a été interrompu, de même que la circulation des trains à la gare de Chengdu. Deux usines chimiques se sont effondrées, ensevelissant des centaines d'employés et conduisant à l'évacuation de 6.000 riverains. Endommageant usines et lignes électriques, le séisme a fait perdre au réseau chinois autour de 5,5 gigawatts, selon l'agence Chine Nouvelle. Les grands groupes pétroliers et gaziers chinois n'avaient pas encore estimé les dégâts, mais le Sichuan abrite environ 40 % des réserves de gaz du pays et a contribué à plus d'un cinquième de sa production gazière en 2006. Seul soulagement, le barrage des Trois Gorges, situé dans le Sichuan, est intact, selon les autorités.
Les Etats-Unis ont fait part de leur solidarité, le président George W. Bush présentant ses condoléances aux familles des victimes et déclarant que les Etats-Unis « se tiennent prêts à aider de toutes les manières possibles ».
GABRIEL GRÉSILLON
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