Ce fut une succession de monologues, sans échanges vraiment libres, pour aboutir à une déclaration finale très générale. Alors que les marchés financiers connaissaient de graves turbulences, les dirigeants de l'Union européenne (UE) et d'Asie réunis pour le septième sommet de l'ASEM (Forum Asie-Europe) ont consacré la journée du vendredi 24 octobre à la crise financière dans le Grand Palais du peuple, sur la place Tiananmen, à Pékin.
Dans un communiqué commun, les 27 pays de l'UE et 16 pays d'Asie, dont la Chine, l'Inde et le Japon, se sont prononcés pour " une réforme réelle et de fond des systèmes internationaux monétaire et financier " et un rôle " important " du FMI " dans l'assistance aux pays sérieusement touchés par la crise, à la demande de ces derniers ". Forum sans pouvoir décisionnaire, l'ASEM ne mentionne pas les changes, alors que les Français ont toujours critiqué la sous-évaluation de la devise chinoise.
Cette prudence donne un sentiment de déjà-vu pour Nicolas Sarkozy, une semaine après la rencontre de Camp David, où George Bush avait d'emblée rappelé au chef de l'Etat son attachement aux " fondements d'un capitalisme libre ".
Certes, le président français a obtenu la convocation le 15 novembre d'un sommet des principaux dirigeants de la planète. Elle est désormais soutenue par l'ASEM. Mais cette réunion, qu'il a appelée de ses voeux à la tribune des Nations unies fin septembre, risque de tourner à la grand-messe plutôt qu'à la refondation du capitalisme. " Il est essentiel qu'il y ait des décisions concrètes. Je crains que les Etats-Unis veuillent en rester à des principes et des généralités ", a déclaré vendredi M. Sarkozy à son homologue chinois Hu Jintao, selon des propos rapportés par l'Elysée.
Le président américain George Bush a convié près de Washington les vingt pays du G20 alors que l'Elysée souhaitait un format plus petit et plus efficace, moins susceptible d'" ouvrir la boîte de Pandore des demandes " : le G8 (Etats-Unis, Japon, Canada, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie et Russie) et le G5 (Chine, Inde, Brésil, Mexique et Afrique du Sud). Surtout, les Etats-Unis ne seront guère en mesure de prendre des décisions : contrairement aux souhaits initiaux de M. Sarkozy, l'Elysée ne croit plus à la présence du président élu des Etats-Unis. Il va donc falloir travailler avec M. Bush jusqu'au 20 janvier.
Les Asiatiques seront-ils un secours pour l'Europe, alors que celle-ci leur avait fait la leçon en 1997 ? Dans cette crise, " nous nagerons ensemble ou nous coulerons ensemble ", a déclaré le président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso. Si les pays occidentaux sont " dans le bain ", les Asiatiques " voient la baignoire déborder et commencent à avoir les pieds mouillés ", résume un conseiller de M. Sarkozy. Le sentiment d'urgence varie selon le degré d'imbrication des pays dans l'économie mondiale. L'Inde semble en retrait. La Chine, qui sera représentée au sommet du G20 et avait baissé en octobre ses taux d'intérêt en même temps que les Occidentaux, entend " continuer de travailler avec le reste de la communauté internationale ", a déclaré Hu Jintao. " Nous allons vigoureusement accroître la demande intérieure, en particulier la demande des consommateurs. "
M. Sarkozy, qui n'a parlé ni du dalaï-lama ni du prix Sakharov attribué au dissident chinois Hu Jia avec le président Hu Jintao, mais a évoqué à la tribune de l'ASEM l'universalité des droits de l'homme, a profité de sa visite pour commencer à effacer la brouille intervenue suite aux émeutes au Tibet. L'an prochain, les deux pays comptent fêter en grande pompe le 45e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre Paris et Pékin.
Arnaud Leparmentier
© 2008 SA Le Monde. Tous droits réservés.
1 commentaires:
L’indispensable RUPTURE avec L’EMPIRE FINANCIER
Par Jacques Cheminade
C’est le nouveau tract de Solidarité et Progrès pour comprendre l’enjeu du vrai ou du faux Nouveau Bretton Woods et pour que la France pese sur le sommet du G20, le 15 novembre 2008, à Washington
« Pourvu que nous nous ressaisissions, la grande crise mondiale peut être l’occasion de construire un monde meilleur. Elle peut aussi être ce qui va nous entraîner vers l’abîme. Nous sommes face à une échéance décisive : la grande réunion monétaire et financière des vingt principaux pays du monde, le 15 novembre. Le défi est ainsi lancé aux responsables politiques, mais nous savons tous qu’ils ne sont pas à la hauteur. Nous devons donc, nous autres citoyens, monter sur la scène de l’histoire. »
I- Les vérités qu’il faut dire
II- Un Nouveau Bretton Woods
Lire le tact dans son intégralité : http://solidariteetprogres.org/IMG/pdf/TRACT_2008_11_03_NBW_1_.pdf
« L’avantage des crises est qu’elles changent les règles du jeu. Il dépend de nous que ce ne soit pas pour le pire, mais pour le meilleur. »
David C.
http://david.cabas.over-blog.fr
leretourdusillon@gmail.com
Enregistrer un commentaire