Le Parlement européen a remis hier son prestigieux prix de la liberté de pensée à un absent : Hu Jia, dissident chinois très écouté en Occident avant d'être réduit au silence par une peine de prison de trois ans et demi pour « incitation à la subversion ». L'épouse du dissident, Zeng Jinyan, a remercié les élus européens par un message vidéo diffusé dans l'Hémicycle. « Début novembre, des officiers de police ont informé Hu qu'il avait reçu le prix (...), j'ai pu voir qu'il en était particulièrement heureux. » Le prix Sakharov 2008 a été décerné « au nom de tous les sans-voix de Chine et du Tibet ». Nicolas Sarkozy, qui s'est attiré les foudres de Pékin pour avoir rencontré le dalaï-lama, s'était dit lundi « solidaire du Parlement européen ». Hu, 35 ans, s'est fait connaître par son combat en faveur des malades du sida et d'autres causes gênantes pour le régime, comme l'autonomie du Tibet. Avec son arrestation puis sa condamnation en avril, l'équipe du président chinois Hu Jintao avait concrétisé son refus de toute ingérence étrangère sur les droits de l'homme, à l'approche des JO. Cette ligne intransigeante se confirme avec l'arrestation d'une autre figure de la dissidence pékinoise : Liu Xiaobo, vétéran de Tiananmen et président de l'association des écrivains indépendants. Avec d'autres, il aurait signé la « Charte 2008 », un appel à la démocratisation. C'était heurter de front un Parti communiste qui prétend encore représenter seul les aspirations de 1 350 millions de Chinois.
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