Tout est relatif. L'« année du boeuf » - le Nouvel An chinois s'est fêté ce week-end avec éclat - s'annonce difficile. Au lieu de la croissance à deux chiffres dont pouvait se glorifier la Chine ces dernières années, l'économie ne devrait progresser « que » de 7,5 % en 2009. « Difficile » ne se dit pas de la même façon en chinois et dans les autres langues, sans doute. Mais les conséquences sociales n'en seront pas moins graves : les millions d'ouvriers migrants de l'intérieur qui retournent traditionnellement pour quelques jours de vacances dans leur province d'origine, à l'occasion des fêtes du Nouvel An, pourraient bien ne pas retrouver, à leur retour, leur travail.
Le poids économique de la Chine (elle occupe désormais la troisième place mondiale devant l'Allemagne) se vérifie également au travers des interrogations nées du fléchissement annoncé. La décélération chinoise est liée à la baisse de la consommation en Occident de produits « made in China ». Mais, à l'inverse, une Chine moins dynamique se montre moins friande de technologies occidentales, de gros contrats et de vastes chantiers... Cette nation est arrivée à un tel point de puissance qu'elle pèse sur le reste du monde, autant par ses succès que par un essoufflement momentané. La tournée européenne du premier ministre Wen Jiabao (moins sourcilleux tout d'un coup sur les critiques concernant les droits de l'homme dans son pays) est un bon révélateur de cette interdépendance : chacun, même l'empire chinois, a besoin des autres. Saura-t-on en tirer des arguments diplomatiques ?
La vitesse de récupération de la Chine est incontestablement une des clés du rebond économique mondial. Les experts surveilleront son pouls avec attention. Mais il faudra être également attentif au sort des travailleurs chinois. La crise sera-t-elle une occasion de renforcer leurs droits ou, au contraire, donnera-t-elle aux autorités politiques et patronales un prétexte pour s'en affranchir ? Accepteront-ils indéfiniment, si la promesse d'enrichissement n'est pas tenue, l'absence de libertés politiques ? Dans les pays européens, et en France tout particulièrement, les inquiétudes sociales s'expriment ; elles sont, comme la crise elle-même, sans frontières.
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