Avec plusieurs années de retard, le gouvernement chinois a attribué, hier, les licences 3G aux trois plus grands opérateurs du pays. Le géant China Mobile s'est vu imposer le standard TD-SCDMA, développé par des entreprises locales.
Avec plusieurs années de retard sur le calendrier dont rêvait initialement Pékin, le gouvernement chinois a officiellement lancé, hier, le pays dans la téléphonie mobile de troisième génération (3G). Dans un simple communiqué, le ministère de l'Industrie et des Technologies de l'information a annoncé qu'il avait distribué aux trois grands opérateurs télécoms du pays les licences leur permettant de lancer la commercialisation de services et d'appareils 3G, comparables à ceux offerts, depuis 2001, au Japon et dans les grands pays occidentaux.
Ce chantier, qui doit générer pour plus de 41 milliards de dollars d'investissements (lire ci-dessous), avait été repoussé à plusieurs reprises par les autorités communistes qui cherchaient à favoriser, à l'occasion de cette transition, l'émergence de champions nationaux et de technologies dites « indigènes ». Refusant de n'utiliser que les standards 3G occidentaux - le « CDMA2000 » développé par les Etats-Unis et l'UMTS européen -, réputés coûteux en « royalties », Pékin a encouragé, depuis le début des années 2000, la création d'une norme « chinoise », baptisée TD-SCDMA. Malgré le soutien de nombreux groupes étrangers, ce standard reste très imparfait. « Beaucoup de cadres locaux plaidaient d'ailleurs pour un nouveau report de la distribution des licences. Ils demandaient plus de temps pour améliorer le TD-SCDMA qui a encore beaucoup de problèmes de qualité mais la crise économique est passée par là », analyse Duncan Clark, le président de BDA. « Pékin a compris que la distribution des licences allait enclencher beaucoup de contrats bienvenus pour les entreprises chinoises et permettre d'encourager les nouveaux acteurs récemment restructurés », explique-t-il.
Internet plus rapide
Trois opérateurs vont avoir le droit, dans les prochaines semaines, de proposer des services permettant d'accéder plus rapidement à du contenu Internet. China Mobile, le plus grand opérateur de téléphonie mobile du monde avec plus de 450 millions d'abonnés en Chine (soit 73 % du marché local), va proposer des services utilisant la norme locale TD-SCDMA. China Unicom, tout juste fusionné avec China Netcom, s'est vu, lui, attribuer la norme UMTS quand China Telecom, l'opérateur historique de téléphonie fixe, utilisera le standard CDMA 2000.
Hier soir, Zhang Jiping, l'un des dirigeants du groupe qui se rêve en challenger de China Mobile, indiquait que China Telecom espérait offrir ses services 3G d'ici à trois mois dans toutes les villes du pays. « Il va falloir attendre quelques mois avant de vivre un boom de la 3G en Chine », modère toutefois Fu Xinghua, d'Analysys International. Selon les calculs de BDA, seuls 20 % des abonnés chinois devraient utiliser des services 3G à l'horizon 2014. « Mais ce sont ceux qui consomment le plus. Personne ne peut donc ignorer ce marché », souffle Duncan Clark.
YANN ROUSSEAU
© 2009 Les Echos. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire