Pékin et Tokyo se disputent la souveraineté sur un archipel d'îlots riches en pétrole et en gaz.
Les eaux orientales de la mer du Japon ne sont pas tranquilles. Jeudi, la Chine a exigé que la marine japonaise cesse immédiatement ses manoeuvres au large d'un archipel d'îlots dénommé Diaoyu en chinois (Senkaku en japonais) situé entre les deux pays, dont ils se disputent, avec Taïwan, la souveraineté. Pékin réagissait à des articles parus dans la presse nippone selon lesquels des vaisseaux de patrouille japonais pouvant transporter des hélicoptères croisent près desdites îles depuis le 1er février. « Si le Japon persiste dans ses actes qui aggravent le problème des Diaoyu, la Chine n'aura pas d'autre choix que de réagir fermement », a menacé le ministère des Affaires étrangères chinois.
Enjeux énergétiques et nationalistes
La question de la souveraineté de ces îles n'a jamais été résolue. Les fonds marins alentours contiennent des réserves de gaz naturel et de pétrole sur lesquelles lorgnent le Japon et la Chine, respectivement deuxième et troisième pays consommateur de pétrole au monde. Le Japon n'a aucune ressource naturelle, et la Chine, qui était encore autosuffisante en pétrole jusqu'en 1993, importe aujourd'hui la moitié de ses besoins. En juin dernier, Pékin et Tokyo ont prétendu avoir trouvé un moyen d'exploiter en commun ces gisements ; en réalité, les Chinois ont déjà commencé seuls l'exploration de certains d'entre eux, à la barbe des Japonais. Sur le papier, de l'avis des experts, il n'y a pas de quoi déclencher une guerre : « Ces champs n'ont pas un grand potentiel. Ils peuvent déclencher au pire une crise diplomatique, mais probablement pas un conflit », assure David Hewitt, analyste du secteur pour CLSA.
Selon la compagnie chinoise CNOOC, qui a déjà commencé à explorer les gisements, les réserves représentent 22 millions de barils de pétrole et 67 millions d'équivalents barils de gaz naturel. Une goutte d'or noir à l'échelle des réserves chinoises (1 % des réserves pétrolières et 7 % des réserves gazières de la CNOOC), mais une manne substantielle à celle des réserves japonaises.
Surtout, ces anicroches heurtent le sentiment nationaliste japonais. Dans un éditorial récent, le Yomiuri, quotidien conservateur, fustigeait les « tentatives répétées par la Chine de s'approcher des Senkaku, ce qui constitue une provocation navale de facto contre le Japon ». « Mon professeur me disait toujours : pourvu qu'on ne trouve pas de pétrole en mer du Japon de l'Est... », s'amuse un diplomate en poste à Tokyo.
Cette dernière passe d'armes est peut-être une manière de souhaiter la bienvenue à Hillary Clinton dans la région. La nouvelle secrétaire d'État américaine a choisi le Japon pour sa toute première destination diplomatique. Elle sera lundi à Tokyo, avant Pékin. Un signal évident que le Japon est redevenu un partenaire de premier plan pour les États-Unis dans la région après les parenthèses Clinton et Bush, de nature à contrer les visées hégémoniques de la Chine.
Pékin et Tokyo se disputent des champs de gaz - Yann Rousseau
Tokyo critique Pékin après l'entrée de navires dans des eaux contestées
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PHOTO - A Japanese patrol vessel sails before a Taiwanese protest boat to prevent it from approaching the disputed island chain in East China Sea known as Senkaku in Japanese and Diaoyu in Chinese on 16 June, 2008 / REUTERS
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