Après les défections de Bill Richardson et de Judd Gregg, la désignation du premier gouverneur sino-américain au Commerce a été très bien accueillie par Pékin.
Il avait porté la flamme olympique dans la province du Sichuan, lors de l'ouverture des JO de Pékin en août 2008. C'est peu dire que la désignation de Gary Locke, fils d'immigrés chinois et premier Sino-Américain élu gouverneur dans l'histoire des Etats-Unis, par le premier président afro-américain a été bien accueillie par Pékin. Quelques semaines après les « malencontreuses » déclarations du secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, accusant la Chine de manipuler les cours du yuan, la désignation de Gary Locke, cinquante-neuf ans, devrait contribuer à fluidifier les relations commerciales entre Washington et Pékin, dans une période de tensions potentielles entre les deux grandes puissances.
Descendant d'immigrés chinois
« Il est très bien considéré en Chine et je pense qu'il sera écouté », estime John Frisbie, président de l'US-China Business Council. Pour Barack Obama, qui a vainement tenté la carte de l'ouverture « bipartisane » avec la nomination avortée du républicain Gregg Judd au Commerce, c'est une nouvelle forme d'ouverture en direction de la Chine. Très remonté contre les appels au « buy american » associés au plan de relance américain, Pékin redoutait de voir l'arrivée à ce poste clef de l'administration américaine d'un partisan d'une politique plus protectionniste. Hier, déjà, plusieurs titres de la presse officielle se félicitaient de la nomination d'un vieil « ami de la Chine ».
Descendant d'immigrés chinois installés à Seattle, Gary Locke a cultivé tout au long de sa carrière de fortes relations avec le pays de ses ancêtres, même s'il maîtrise mal le mandarin. Gouverneur de l'Etat de Washington de 1996 à 2004, il a mené, chaque année, d'importantes missions commerciales en Chine et a ainsi rencontré, à plusieurs reprises, l'ancien président Jiang Zemin ainsi que les actuels dirigeants, Hu Jintao et Wen Jiabao. Revenu dans le « civil » au sein du cabinet d'avocats Davis, Wright, Tremaine, il a continué d'utiliser son réseau pour faire progresser la cause de grands industriels américains sur le marché chinois. Il a ainsi aidé à l'expansion de Starbucks dans le pays et a souvent plaidé les causes de Boeing et de Microsoft au cours d'entretiens privés avec le Premier ministre chinois. C'est aussi lui qui organisa, en 2006, la très médiatique visite du président Hu Jintao chez Boeing et le dîner chez Bill Gates. C'est pourquoi Gary Locke, considéré à Pékin comme l'une des rares personnalités capables d'apaiser les tensions commerciales avec Washington, avait obtenu le privilège de porter la flamme olympique en 2008.
YANN ROUSSEAU (À PÉKIN) ET PIERRE DE GASQUET (À NEW YORK)
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