Il y a 50 ans dans le Monde
LES NOUVELLES sensationnelles concernant les batailles rangées opposant les forces chinoises qui occupent le Tibet aux résistants tibétains, le caractère généralisé de la révolte ou le sort du dalaï-lama, que l'on dit être prisonnier des Chinois, ont provoqué à travers le monde une vive émotion.
Cependant des informations de ce genre circulent à peu près à longueur d'année depuis qu'à la fin de 1950 les communistes chinois ont annexé le Tibet, mais les journaux indiens sont généralement les seuls à leur accorder une place de choix. Cela dit, il ne fait néanmoins pas de doute que l'autorité de Pékin a le plus grand mal à s'établir sur ce territoire.
Les Chinois avaient cru se prémunir contre l'agitation intérieure en s'assurant du concours du dalaï-lama qui, depuis 1951, paraissait bien rallié à la cause chinoise. Le bruit court actuellement qu'il a pourtant montré quelque sympathie pour les rebelles et qu'en punition il a été fait prisonnier par les Chinois et emmené à Pékin. Mais, même privés de l'appui du dalaï-lama, les Chinois disposent d'un atout majeur : l'assurance que l'Inde - seul Etat qui pourrait aider les rebelles tibétains - n'entend pas se mêler des affaires du Tibet, dont elle a reconnu l'annexion par la Chine en 1954.
M. Nehru, qui se préoccupe suffisamment de la situation pour avoir fait un voyage au Bhoutan, près de la frontière tibétaine, a réaffirmé sa volonté hier même devant le Parlement indien.
Il n'y aura donc pas d'internationalisation de l'affaire du Tibet mais, en Inde, les adversaires de M. Nehru, qui lui reprochent ses sympathies pour le monde communiste, ne manqueront pas d'exploiter ce nouvel argument, en l'accusant d'ignorer ce " nouveau Budapest ".
(25 mars 1959.)
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