Les pays d'Asie sont réunis depuis hier au Forum de Boao.
CHINE, Inde, Japon, Corée du Sud, c'est tout le gratin de la finance asiatique qui est réuni depuis hier à Boao, sur l'île de Hainan, au sud-ouest de Hongkong. Banquiers, hommes d'affaires, responsables politiques, tous se retrouvent pendant trois jours pour la conférence annuelle du Forum de Boao pour l'Asie, véritable Davos régional qui attire également de plus en plus d'Occidentaux.
Créé en 2001 par l'ancien président des Philippines, Fidel Ramos, l'ancien premier ministre australien Bob Hawke et l'ancien premier ministre japonais Morihiro Hosokawa, il a officiellement élu domicile en Chine l'année suivante. Il se veut une plate-forme d'échanges entre tous les pays d'Asie et entre l'Asie et le reste du monde. Mais cette année, le Forum de Boao est un exercice imposé : comment la région fait-elle face à la crise ? Comment peut-elle en sortir renforcée ? Quels rôles vont être amenés à jouer les pays émergents ?
Pas « d'optimisme aveugle »
Dès ce matin, le premier ministre chinois, Wen Jiabao, va donner le ton. La situation de l'économie chinoise est « meilleure que prévu », estime-t-il. Si la croissance du pays a ralenti à 6,1 % sur un an au premier trimestre, les investissements en capital fixe ont rebondi de 28,6 % dans les zones urbaines et la production industrielle a réussi à progresser de 8,3 % le mois dernier.
Mais Wen Jiabao se garde de « tout optimisme aveugle ». À ses yeux, la convalescence de la Chine n'est pas solide. Et de citer pêle-mêle la faiblesse de la demande mondiale, les surcapacités industrielles dans de nombreux domaines et les suppressions d'emplois.
Pour Yao Gang, vice-président de la Commission de régulation des marchés financiers chinois, « les investisseurs du monde entier ont les yeux tournés vers les marchés des capitaux asiatiques. Comment les remettre sur pied pour qu'ils conduisent la reprise » ? s'interroge-t-il. Tandis que le gouverneur de la Banque populaire de Chine demande : « Comment les marchés émergents devraient-ils s'accommoder de la complexité croissante de la situation financière internationale ? Quelle nouvelle architecture financière faut-il mettre en place pour prévenir de nouvelles crises ? » Cette crise est également l'occasion rêvée de relancer les négociations de Doha sur la libéralisation du commerce international, interrompues à l'automne dernier. Pascal Lamy, le directeur général de l'OMC (Organisation mondiale du commerce), a fait exprès le déplacement à Boao. La secrétaire d'État au Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac, y sera également.
« La crise va-t-elle permettre d'avancer plus vite et de ne pas tomber dans le protectionnisme ? » : tel est le thème d'un débat, cet après-midi, auquel participent également Cheng Deming, ministre du Commerce chinois, Toshihiro Nakai, son homologue pour le Meti japonais, et Kim Jong-hoon, ministre du Commerce de la Corée du Sud, promet d'être difficile.
« Je suis extrêmement frappée par l'optimisme constructif des Chinois. Ils l'ont manifesté par le grand esprit de responsabilité qu'ils ont montré au G20 tant en matière de relance qu'en matière de régulation », affirme Anne-Marie Idrac. « En ce qui concerne les aspects commerciaux, nous devons insister sur deux points : la lutte absolue contre le protectionnisme et sur le rôle particulier que doivent jouer les pays émergents et en particulier la Chine. »
Les vieux modèles de croissance caractérisés par une Asie qui exporte et épargne, tandis que les États-Unis consomment en s'endettant, sont de moins en moins viables. « Il est maintenant impératif que les économies d'Asie cherchent d'autres modèles et construisent leur propre compétitivité », juge pour sa part Fan Gang, président du National Economic Research Institute de Pékin. À sa manière, le Forum de Boao souhaite faire oublier le sommet des pays asiatiques en Thaïlande, avorté le week-end dernier.
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