Le concept de droits de l'homme a été importé d'Occident en Chine voilà plus d'un siècle, et le mot chinois renquan est un néologisme. Les Chinois ont eu du mal à l'adopter, car la notion de droit est étrangère à leur culture. Ils ont formé le mot à partir de deux caractères signifiant respectivement "homme" et "pouvoir". Par la suite, les vicissitudes politiques et idéologiques n'ont pas favorisé outre mesure l'adoption du concept. Et, surtout, le régime de Mao a complètement évincé le mot du vocabulaire de la Chine populaire.
Mais, surprise, on assiste, trente ans après le lancement des réformes, au retour en force de la notion de droit et à une résurgence phénoménale de la conscience de la population en matière de droits de l'homme. Un mouvement baptisé "Défense des droits des individus" se fait de plus en plus entendre. Succédant au mouvement dit "des Lumières", animé par les intellectuels dans les années 1980 et 1990, des avocats, des juristes, des journalistes et des internautes citoyens s'élèvent aujourd'hui contre les injustices sociales. Ils s'emparent, notamment via Internet, des cas de certains laissés-pour- compte de la transformation sociale pour prendre leur défense. C'est ainsi que les migrants, les paysans, les ouvriers licenciés, les expulsés, etc., s'introduisent peu à peu dans le débat public.
Par calcul stratégique, le régime communiste finissant a bien été obligé de réinscrire les droits de l'homme dans la Constitution en 2004. Mais, malgré cela, l'emploi de l'expression "droits de l'homme" par la presse est toujours ultrasensible. Dans le même temps, le mouvement Défense des droits des individus s'élargit, s'enracine dans la société et s'exprime de plus en plus ouvertement : il substitue simplement le mot d'"individu "à celui d'"homme".
Calligraphie de Zhao Xuan / Texte de Chen Yan
© 2008 Courrier international. Tous droits réservés.
PRÉCÉDENT "MOT CHINOIS" - "Xifang" : L'Occident
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire