L'action du pétrolier chinois a progressé de 29 % depuis le début de l'année. Malgré la crise, la société contrôlée par Pékin continue d'investir massivement. Elle a annoncé hier l'acquisition d'un raffineur de Singapour.
Depuis quelques jours, les analystes boursiers guettaient l'évolution du cours des actions des géants du pétrole ExxonMobil et PetroChina dans l'espoir d'assister à la victoire du groupe chinois dans la course au titre de plus grande entreprise du monde. Hier, à la clôture de la Bourse de Shanghai, ils ont pu proclamer le sacre de la société contrôlée par Pékin, qui avait déjà occupé cette première place en 2007 avant la crise. Son action A, cotée sur la place chinoise, a fini en hausse de 0,24 %, à 13,10 yuans, et poussé sa capitalisation locale à 2.397,5 milliards de yuans, soit 351,4 milliards de dollars. Vendredi soir, la capitalisation de son concurrent américain, ExxonMobil, coté lui sur la place de New York, atteignait 335,9 milliards de dollars.
Les calculs de capitalisation restent confus avec les groupes étatiques chinois : la valeur des titres de PetroChina cotés sur la place fermée de Shanghai est traditionnellement supérieure à celles de ses actions cotées à Hong Kong ou New York. Mais le bouleversement du classement mondial des grandes entreprises témoigne de l'étonnant retour de santé de la place de Shanghai et de l'optimisme des investisseurs pour une industrie pétrolière chinoise choyée par les autorités centrales.
Un plan de relance massif
Convaincus que leur économie est sur le point de rebondir après un ralentissement brutal mais court, les acteurs du marché sont massivement revenus vers la Bourse ces derniers mois et ont fait progresser l'indice composite de Shanghai de 45 % depuis le 1er janvier après l'avoir fait plonger de 65 % l'an dernier. Le titre de PetroChina a, lui, progressé de 29 % depuis le début de l'année quand son concurrent américain, ExxonMobil, voyait, dans le même temps, la valeur de son action perdre 14 %.
Emportée par les discours optimistes du pouvoir qui table sur 8 % de croissance en 2009, la Bourse de Shanghai ne semble pas avoir tenu compte de la détérioration des performances de PetroChina. L'entreprise chinoise a vu ses profits reculer de 39 % sur le dernier trimestre de 2008 et annoncé une année 2009 « compliquée ». Les investisseurs veulent surtout croire que le groupe va profiter largement du massif plan de relance de 4.000 milliards de yuans déployé par le gouvernement et d'une reprise progressive de la demande pour les produits pétroliers et gaziers.
PetroChina, avancent les experts, devrait, avec une poussée de la consommation d'essence, profiter du nouveau système de fixation du prix des carburants introduit début janvier dans le pays. Alors qu'ils devaient auparavant écouler, quel que soit le prix du baril, leurs produits raffinés à des tarifs fixés par le gouvernement, les raffineurs du pays, tels que PetroChina et Sinopec, peuvent désormais lier leurs tarifications à l'évolution du cours du brut sur le marché mondial.
Anticipant une hausse des revenus de ces activités de raffinage, le pétrolier public a annoncé, hier, qu'il allait investir dans Singapore Petroleum Corp. (SPC), l'un des plus grands raffineurs de Singapour. PetroChina va, dans un premier temps, acheter 45,5 % du groupe au fabricant américain de matériel de forage Keppel, pour 1 milliard de dollars, soit une prime de 24 % par rapport au dernier cours de Bourse de SPC. Le champion chinois devrait ensuite lancer très rapidement une OPA valorisant l'ensemble de la société à environ 2,2 milliards de dollars. Singapore Petroleum vend des produits raffinés en Asie du Sud-Est et dans le sud de la Chine, une zone dans laquelle Sinopec, le grand concurrent de PetroChina, est actuellement dominant. Le 12 mai, PetroChina avait annoncé qu'il allait placer, cette année, pour 15 milliards de dollars d'obligations pour financer son expansion et sécuriser un meilleur accès aux matières premières.
Encadré : Un classement chamboulé
En rejoignant ExxonMobil en tête du classement, PetroChina confirme la montée en puissance des groupes chinois sur le terrain boursier. Le [sic] Chine compte à présent 3 de ses groupes parmi les 5 premières capitalisations mondiales : PetroChina, mais aussi la banque ICBC et l'opérateur téléphonique China Mobile. Autre changement marquant des derniers mois : la progression de Petrobras, le grand pétrolier brésilien, qui se situe désormais au septième rang boursier mondial, grâce à ses récentes découvertes de brut. Les groupes américains, eux, perdent du terrain. General Electric, en particulier, est tombé de la 3e à la 16e place mondiale en un peu plus d'un an.
YANN ROUSSEAU
PHOTO - Zhou Jiping, président de PetroChina entouré de Sun Longde, vice-président et Shen Diancheng lors d'une conférence de presse à Hong Kong en mars 2009 / Reuters
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