Ben Verwaayen (PHOTO) est reparti de Dalian conforté dans ses choix stratégiques. Venu participer la semaine dernière au World Economic Forum, le directeur général d'Alcatel-Lucent, qui mise beaucoup sur le développement de son groupe en Asie, s'est dit conquis par le dynamisme du marché chinois. « Il existe actuellement une occasion unique en Chine, où les consommateurs sont jeunes et ont compris mieux que d'autres la transformation des méthodes de communication. Ils ont déjà une habitude de l'utilisation de la vidéo et toutes les infrastructures nécessaires ne sont pas encore là », explique le dirigeant, qui se dit notamment fasciné par la récente explosion des nouveaux médias dans le pays. « Il y a 400 journalistes chinois au World Economic Forum et une majorité sont des _dot com_», remarque-t-il.
Ecartant le débat sur les pénibles débuts de la 3G dans le pays, qui reste trop chère aux yeux de la grande majorité des utilisateurs et souffre des mauvaises performances de la norme domestique TD-SCDMA, Ben Verwaayen, qui vient en Chine depuis près de vingt-cinq ans, dit vouloir inscrire sa stratégie dans le temps : « Les opérateurs chinois ont une vision portant sur plusieurs années », souligne-t-il.
Après une complexe restructuration imposée par Pékin, les trois grands opérateurs du pays, China Mobile, China Unicom et China Telecom, pourraient en effet dépenser jusqu'à 400 milliards de yuans (58 milliards de dollars) d'ici à 2012 pour que l'ensemble du pays puisse accéder à la téléphonie de troisième génération. Si les géants locaux Huawei et ZTE peuvent espérer remporter une large partie de ces commandes, les équipementiers étrangers sont eux aussi sollicités.
Un pari sur l'avenir
Présent en Chine depuis vingt-cinq ans, Alcatel-Lucent, qui dispose de produits pour l'ensemble des normes utilisées dans le pays (CDMA EV-DO, TD-SCDMA et WCDMA), a d'ailleurs signé, ces derniers mois, des contrats avec les trois grands acteurs du secteur, par le biais de sa filiale Alcatel Lucent Shanghai Bell, dont il contrôle 50 % plus une voix (l'autre moitié du groupe est détenue par la Sasac, la commission chapeautant les grandes entreprises publiques chinoises). En association avec Datang Mobile, un groupe d'Etat concentré sur le développement de la TD-SCDMA, la filiale du groupe franco-américain a notamment remporté en juillet dernier un contrat prévoyant l'équipement de la troisième phase du réseau TD-SCDMA de China Mobile dans 11 provinces. En avril, ce sont deux accords-cadres d'une valeur de 1,7 milliard de dollars avec China Mobile et China Telecom qui avaient été annoncés.
Refusant de communiquer le détail de ces contrats, Alcatel-Lucent ne distingue pas la part des ventes qui lui revient directement ni celle qui profite à ses partenaires chinois et refuse de se prononcer sur sa rentabilité dans le pays. Une chose est sûre, l'équipementier télécoms franco-américain joue une bonne partie de son avenir dans l'empire du Milieu.
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